BD fait de société, BD jeunesse

Mots rumeurs, mots cutter

MOTS RUMEURS, MOTS CUTTER par Charlotte Bousquet (scénario) et Stéphanie Rubini (dessin) (Gulf Stream, 2014, coll. Les graphiques)

C’est la rentrée scolaire pour Léa la collégienne. Elle se retrouve en classe à côté de Mattéo le redoublant dont sa copine Solveig est amoureuse. Or c’est par Léa que Mattéo semble attiré. Au départ amis, tous deux vont tomber amoureux, et Léa se laisse emporter par ses papillons dans le ventre. Tout se passe pour le mieux pour elle, entre son amoureux et ses amies. Un week-end, elle est invitée à une soirée entre filles. Un peu trop arrosé, ce moment va déraper, et Léa va devenir être la cible de toutes les railleries… C’est le début de la descente aux enfers pour l’adolescente…

Voici un album dont on entend souvent parler sur la blogosphère, alors qu’il n’est sorti qu’en septembre dernier. J’ai beaucoup aimé lire cet album de petit format, réalisé  par les mêmes auteurs que Rouge Tagada. D’ailleurs, il y a un lien entre les deux albums, on est dans la même classe et les héroïnes du premier volume  sont mentionnées dans ce nouvel opus. Après les premiers émois dans l’album à la couverture rouge, là les deux auteurs abordent le sujet délicat du harcèlement, avec une histoire choc, bien amenée, très réaliste. Le dessin est agréable, très coloré, contrastant presque avec la gravité du propos dans la seconde partie de l’histoire. L’histoire sonne très actuelle, et pourrait arriver à n’importe quel ado. Par contre, c’est étonnant qu’aucun adulte (parents, professeurs ou éducateur) n’ait remarqué la situation de mal-être de Léa l’héroïne. Elle n’a vraiment personne à qui se confier. Ses parents se doutent bien à partir d’un moment de quelque chose, sans pour autant que leur fille puisse se confier à eux. C’est le seul passage avec des adultes, et cela fait me fait réfléchir quand on est confronté à rencontrer des ados toute la journée, pour être plus attentive à la situation de chacun. La situation de Léa est loin d’être légère : le harcèlement qu’elle subit dure longtemps, persiste pendant les vacances, chacun des harceleurs enchaînant les humiliations morales et physiques, des plus perfides aux plus visibles et les insultes de vive vœux ou par petits papiers interposés, jusque sur la photo de classe, en passant par les réseaux sociaux. Même ceux à qui Léa n’avait rien fait en ont après elle, n’importe qui peut été harceleur. La situation de harcèlement, pour une raison vraiment futile, est vraiment bien décrite, avec toutes ces formes possibles. Même si le sujet est loin d’être réjouissant, j’ai beaucoup aimé lire cette histoire coup de poing. L’album est court, mais il arrive tout de même à mettre le cafard. J’ai aimé les chapitrages avec les pages violettes, d’une couleur douce, comme pour adoucir un peu le propos. J’ai aimé aussi l’alternance entre les cases délimitées et les dessins sans cases, avec un sens de lecture différent, plus léger. La fin reste ouverte, sûrement en lien avec un autre tome… Voilà donc un album à mettre entre toutes les mains des ados, pour ouvrir le dialogue et réveiller les consciences…

Non mentionné sur l@BD, mais à partir de 13 ans pour Ricochet.

On en parle (beaucoup) sur les blogs : Au milieu des livres, La bibliothèque de Noukette, Chroniques de l’invisible, Livresse des mots, Sous le feuillageTwenty three peonies

Aller voir du coté du blog de Charlotte Bousquet, du blog de Stéphanie Rubini et de son compte Twitter.

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