SEPTEMBRE EN T’ATTENDANT, par Alissa Torres (scénario) et Sungyoon Choi (dessin) (Casterman, 2009, coll. Ecritures)
Autobiographie dessinée d’Alissa Torres, une jeune femme américaine qui en 1998 tombe amoureuse puis épouse Eddie Torres, jeune agent de change d’origine colombienne. Le jeune couple commence alors sa vie à New-York, et la fin de l’année 2001 s’annonce bien, la jeune femme étant enceinte de leur premier enfant, prévu pour la fin septembre. Lui commence un nouveau travail le 10 septembre dans une entreprise située dans une des deux tours du World Trade Center, mais ne survivra pas aux attentats meurtriers qui ont frappé les bâtiments new-yorkais. Alissa doit alors apprendre à survivre à la mort de celui qu’elle aimait. Elle nous raconte les multiples procédures administratives, les barrières auxquelles elle s’est heurtée, les incompréhensions auxquelles elle a dû faire face, ainsi que ses questionnements…
Cet album est je crois le premier que je lis sur le 11 septembre 2001, date que l’on peut considérer comme celle du véritable changement de siècle et d’entrée de plein pied dans le 21ème siècle. L’histoire se lit assez facilement, même si on ne connaît pas toutes les procédures américaines, et même si les différentes associations citées tout au long de l’album sont moins connues de notre côté de l’Atlantique. Alissa Torres veut ainsi montrer le long et difficile chemin qu’elle a dû parcourir pour faire son deuil, alors que les autorités et les associations d’aide aux familles des victimes l’ont au final assez peu aidé d’un point de vue psychologique. L’auteur dénonce le système trop compliqué, le manque de considération envers les familles et les incohérences qui ont jalonné son parcours. Le récit, qui veut montrer l’envers du décor, est globalement fluide, même s’il m’a certainement manqué des éléments de culture américaine pour comprendre complètement l’histoire. C’est vraiment une autre face de l’histoire qui nous est racontée là, une vision très personnelle du drame qui a frappé l’Amérique ce matin de septembre. Ce qui est exposé n’est pas toujours politiquement correct, l’auteur dénonçant aussi bien les instances officielles, les médias que les associations d’aide, avec parfois une touche d’ironie non dissimulée. C’est donc une oeuvre intéressante de ce point de vue, même si assez égocentrique. Le dessin en noir et blanc, réalisé par une dessinatrice américaine d’origine sud-coréenne (et publiant dans le New-York Times) est travaillé et assez fin, alternant les cases strictes et les planches plus libres. Il ne comprend que quelques touches de bleu pâle, et cela rend le récit un peu plus vivant que s’il n’était qu’en noir et en blanc. Cependant, j’ai trouvé dommage que le nom de la dessinatrice soit oublié sur la couverture, car le dessin est aussi important que le scénario. Le chapitrage chronologique permet de se repérer dans cette année qui a suivi le 11 septembre, et heureusement qu’il y a ce découpage, car le récit est dense (plus de 200 pages) et part parfois dans de nombreuses directions, nous perdant quelquefois dans les multiples pistes exposées. J’ai eu un peu de mal à suivre l’histoire, mais surtout à être vraiment touchée par l’histoire de cette femme parfois butée, même si certains passages sont particulièrement troublants. La fin est heureuse, pleine d’espoir malgré la perte du mari. Les photos du disparu recouvrent une double page en fin d’album, et cela rend l’histoire encore plus réelle, même si ce n’est qu’un exemple parmi d’autres des victimes du terrorisme. Septembre en t’attendant est un album intéressant (comme souvent dans cette collection), mais qui n’est pas forcément facile à comprendre quand on le lit avec des yeux d’européens. Je fais peut-être ma difficile, mais pour le coup, un dossier sur le sujet en fin d’ouvrage n’aurait, je pense, pas été superflu, pour aller au-delà de la simple histoire personnelle.
A partir de 15 ans selon l@BD.
On en parle sur les blogs : Chez Clarabel, La bibliothèque du dolmen, Le grenier à livres, Chez Canel…
C’est ma quatrième participation à , cette semaine chez Noukette.
Intéressant ! Une piqûre de rappel pour un titre qui n’a pas trop tourné sur la toile des blogs…
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Un album intéressant mais pas indispensable non plus…
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A te lire je me dis que le traitement du sujet est sans doute top personnel, trop intime pour toucher de façon « universel ». Mais en même temps, il était sans doute difficile de procéder autrement.
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Le traitement est très personnel, et manque de recul pour être universel, oui. D’ailleurs, à certains moments, enfermée dans sa douleur, l’auteur serait presque antipathique…
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Un sujet grave et qui a marqué beaucoup de mémoire. C’est courageux de faire une BD sur une période difficile de sa vie.
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C’est sûr qu’on se rappelle tous ce qu’on faisait ce jour-là…
Raconter ces moments-là peut être une façon comme une autre de faire son deuil, je pense.
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un album qui mérite san doute le détour
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Pas indispensable, non, mais si tu le croises en médiathèque, pourquoi pas ?
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Je me souviens avoir croisé cet album ici ou là, je n’en ferai pas une priorité mais je retiens l’idée !
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Cela ne ferait qu’un de plus dans ta longue liste, n’est-ce pas ? 😉
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Si je le croise en médiathèque, je tenterais la découverte 😉
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A essayer, effectivement, car ce sujet ne peut laisser insensible…
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