BD fait de société

Macaroni !

MACARONI !, par Thomas Campi et Vincent Zabus (Dupuis, 2016)

macaroniContre son gré, Roméo est confié par son père pendant une semaine à son grand-père. Le jeune garçon ne l’aime pas du tout, et l’appelle même « le vieux chiant qui pue ». Roméo a beau supplier son père, celui-ci ne peut faire autrement. Dès le début, cela se passe mal : l’accueil du grand-père est des plus froids, le dialogue se fait rare, et comble de l’ennui pour Roméo, il n’y a même pas de télé chez ce monsieur qu’il ne connaît presque pas. Le grand-père un peu rustre va demander à son petit-fils de l’aider pour les tâches quotidiennes, l’entretien du jardin principalement. C’est ainsi que Roméo va se mettre à aider son grand-père et s’occuper du cochon nommé Mussolini… Il ne se doute pas du tout de l’histoire de son aïeul, italien émigré en Belgique pour y travailler à la mine…

Voici un album repéré depuis quelques mois déjà, mais le manque de temps a fait que je m’y suis arrêtée seulement en décembre. Cet album est réalisé par les mêmes auteurs que Les petites gens, que j’avais adoré à l’époque. Là encore, je n’ai pas été déçue par ce nouvel opus, au thème touchant et au graphisme agréable même si particulier à appréhender au début. Ce sujet familial est bien traité, sous l’angle du petit-fils naïf et assez égoïste. Les deux générations vont apprendre à se connaître, le grand-père, veuf et renfermé, va s’ouvrir peu à peu et raconter son histoire à Roméo : originaire d’Italie, il a combattu dans l’armée mussolinienne, puis a émigré en Belgique pour y travailler à la mine avant de faire venir sa femme et ses enfants. Une vie comme de nombreux Italiens ont pu connaître, c’est cela que j’ai aimé dans ce récit : le côté historique, ou encore la petite histoire qui a contribué à faire la grande… Le scénario est donc fort bien construit et agréable à suivre. Les dialogues sont parsemés de mots italiens qui se comprennent facilement même sans parler la langue. Les textes sont parfois savoureux, avec une touche d’humour qui apporte un brin de légèreté. Le seul personnage féminin de l’histoire est une jeune voisine à la langue bien pendue, qui va faire découvrir à Roméo l’histoire des mines et de l’immigration italienne en Belgique. Ce personnage secondaire apporte une vue différente sur le contexte historique, c’est une sacrée bonne idée pour éclairer l’histoire du grand-père.

Au niveau graphique, comme je l’ai déjà dit, le trait est un peu particulier au départ, mais on s’y fait finalement asse vite. J’ai beaucoup aimé les couleurs qui donnent du cachet et de la consistance à l’histoire, surtout les couleurs chaudes, accentuées par le rouge des briques de la Belgique. Cela offre une jolie ambiance à cette histoire réaliste, entrecoupée de quelques passages « souvenirs » du grand-père, fantômes d’une vie passée à obéir sans pouvoir décider du cours de sa vie. La nostalgie est bien présente pendant une large part de l’histoire, mais sans pour autant plomber l’ambiance.

Enfin, l’objet-livre en lui-même est aussi bien agréable : un grand format avec de bonnes finitions et des pages épaisses. Cela donne 130 pages au top, complétées par un intéressant dossier à la fin, où est expliquée la genèse de l’histoire, complétée de quelques essais graphiques sur les personnages et la couverture.

Macaroni ! est un album à (s’)offrir à Noël !

A partir de 13 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Au milieu des livres, Un amour de BD, Le blog du petit carré jaune, Sin City, Le coin lecture de Nath

Allez jeter un coup d’oeil vous abonner au compte Instagram de Thomas Campi, avec de nombreux et jolis dessins de cet dessinateur italien installé à Sydney.

Premières planches à lire sur Izneo.

Cet album participe à la-bd-de-la-semaine-150x150, cette semaine chez Stephie.

25 réflexions au sujet de “Macaroni !”

  1. Décidément, il faut que je lise cette BD! Je crois que ça fait 1 an que je l’ai repérée sur les blogs. Elle me parlera à coup sûr, puisque je vis dans une région d’anciens charbonnages (en Belgique).

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