BD fantastique, BD jeunesse

L’épouvantable peur d’Epiphanie Frayeur

L’ÉPOUVANTABLE PEUR D’ÉPIPHANIE FRAYEUR, par Séverine Gauthier (scénario) et Clément Lefèvre (dessin) (Soleil, 2016, coll. Métamorphose)

Epiphanie est une fillette de 8 ans très peureuse : depuis sa naissance, elle a peur de son ombre, qui prend de plus en plus d’ampleur et l’empêche de pouvoir vivre. Alors Epiphanie décide de combattre sa peur, et tente de trouver un moyen de vaincre ce qui lui gâche la vie. Pour cela, elle va traverser une forêt sombre, rencontrer des personnages étranges qui ont perdu leur sérieux ou n’ont plus les pieds sur terre… au sens propre ! Elle va tenter de nombreuses techniques toutes plus farfelues les unes que les autres pour reprendre le contrôle sur cette masse sombre…

Ce nouvel album de Séverine Gauthier (auteure déjà repérée sur ce blog avec les très beaux Coeur de pierre, Mon arbre, ou Garance) est complètement fou, dans le bon sens du terme. J’ai adoré les doubles sens (propre et figuré), les jeux de mots, et tout ce qui tourne autour du vocabulaire de la peur… Le nombre de synonymes proposé est impressionnant ! Le scénario est très bien construit, on se laisse prendre au jeu de cette fillette étrange qui est dévorée par sa peur, au point de ne plus pouvoir vivre. Cette représentation de la peur évolue à chaque case, grandit ou diminue, et graphiquement c’est très bien fait. Les couleurs, souvent dans les sombres et vert d’eau, sont très travaillées, c’est un régal pour les yeux. Il y a de nombreux détails à observer, par exemple  la peur qui grandit ou rapetisse selon les situations mais aussi des personnages avec des particularités physiques plus ou moins flagrantes, plus ou moins improbables… Les personnages rencontrés sont tous plus originaux les uns que les autres. Ce côté fantastique m’a beaucoup plu, car je me suis prise au jeu de chercher les détails, de savourer chaque case de cet album au trait très agréable et précis, où rien n’est laissé au hasard. Plusieurs planches sur des pages entières permettent de s’attarder encore plus sur les détails, c’est réellement magnifique, je suis fan ! Le découpage est parfois bien original, avec des sens de lecture parfois un peu perturbés, mais c’est tellement agréable de se laisser embarquer dans cette histoire que j’accepte d’être bousculée dans mes habitudes de lecture.

J’ai aussi aimé l’humour subtil tout au long du récit, dans les dialogues mais aussi dans le dessin, ainsi par exemple le passage avec les cheveux qui sont hérissés sur la tête, et le coiffeur à qui rien normalement ne résiste et qui tente de les remettre correctement avec des méthodes infructueuses (tresses, glu ou encore cadenas…). Egalement en fin d’album, le guide des phobies plus délirantes les unes que les autres (peur de voir sa moustache pousser au dessus de son nez, de se réveiller avec les yeux dans la paume de la main, de flotter dans les airs par manque de sérieux…) est complètement loufoque, j’adhère complètement à ce genre d’album.

Vous l’aurez compris, cette épouvantable peur d’Epiphanie Frayeur est un bien joli album, dans une collection (Métamorphose) qui jusque là ne m’a pas déçue. Je songe à ajouter cet album sur la liste des ouvrages à acheter pour les élèves en fin d’année ou pour l’année prochaine, et je leur conseillerai de ne pas le lire trop vite, histoire de bien savourer toute la magie de cet album si original !

A partir de 7 ans selon l@BD. (pour une fois j’ajouterai « bien accompagné tout de même ! »)

On en parle sur les blogs : La bibliothèque de Noukette, Au milieu des livres, Chroniques de l’invisible, Capocapesdoc, Phylactères de K, L’heure de lire

Premières planches à voir sur Izneo.

Cet album participe à la-bd-de-la-semaine-150x150, cette semaine chez Noukette. Cet album a aussi été chroniqué aujourd’hui chez Lasardine de La ronde des post-it et Hilde du Livroblog 🙂

17 réflexions au sujet de “L’épouvantable peur d’Epiphanie Frayeur”

    1. Un superbe objet, que je regretterais presque d’avoir emprunté à la bibliothèque (pas le souvenir de l’avoir vu en librairie non plus…)

      J’aime

    1. C’est catégorisé « jeunesse », mais ça peut tout à fait se lire quand on est adulte, avec les nombreux détails dans le texte et le scénario.
      Je prends ta dernière phrase comme un compliment, merci 🙂

      J’aime

Laisser un commentaire