LA VISION DE BACCHUS, par Jean Dytar (Delcourt, 2014, coll. Mirages)
En 1510, la peste est à Venise, les morts se comptent par dizaines. Parmi les malades, un peintre nommé Giorgione décide de jeter ses dernières forces dans son ultime oeuvre, à la recherche de l’émotion qui l’avait saisie lorsqu’il avait vu, chez son père, un tableau qui avait été à l’origine de sa vocation. D’ailleurs, ce tableau aurait été peint par Antonello de Messine… Retour en arrière, en 1475, toujours à Venise, Antonello arrive de sa Sicile natale, et devient le rival de Bellini, pour avoir les faveurs des riches mécènes vénitiens. Antonello met au point un procédé pour réussir rapidement des portraits, mais ses collègues jaloux de sa réussite cherchent à percer son secret. C’est alors qu’Antonello reçoit la commande d’un riche banquier, qui lui demande de figer sur le bois la jeunesse de sa femme… Mais cette commande ne va pas être simple, car Antonello, à la recherche de la perfection picturale, va tomber sous le charme de la jeune femme…
Cet album est depuis quelques temps dans mes étagères, en version dédicacée même… Mais j’avais un peu peur de le lire, peur de ne pas tout comprendre en entrant dans ce monde de la peinture italienne de la Renaissance très éloigné de moi… Mais en fait, en terminant cet album, j’ai regretté de ne pas l’avoir lu plus tôt, car il est sacrément bien fait. Le dessin peut paraître lisse, mais il est finalement très détaillé et bien plus vivant que je ne l’aurais cru. Les personnages sont travaillés et les représentations d’œuvres d’art plus ou moins connues (leur liste est en fin d’ouvrage) sont vraiment chouettes, l’auteur cherchant à coller à l’original (même s’il précise bien à la fin que les couleurs ont pu être changées pour correspondre à l’ambiance des planches). Le trait est particulier, peu commun, à la lisière entre la bande dessinée et la représentation picturale parfois. J’ai beaucoup aimé cette particularité. L’histoire est très vivante, sans temps morts, et les personnages sont intéressants. Le scénario est aussi instructif sur la vie à la Renaissance, le statut des artistes qui vivent parfois chichement, le rôle des mécènes et autres dirigeants de la cité vénitienne. C’est un thème sur lequel j’ai appris plein de choses, sans pour autant avoir l’impression de lire un essai historique.
J’ai vraiment beaucoup apprécié cet album d’environ 120 planches, qui mêle l’histoire de l’art et une histoire familiale. Les différents éléments sont donnés tout au long du récit, et se rejoignent au fil de l’album : ainsi, on comprend le lien qui unit Antonello de Messine et Giorgione, et on saisit leur parcours torturé, à la recherche de la perfection artistique, à la quête de cet idéal pictural qui les obsède l’un et l’autre à 35 ans d’écart. Les deux sont d’ailleurs fauchés par la maladie et on se dit que s’ils avaient eu le temps de produire plus, ils seraient peut-être aujourd’hui dans la liste des grands peintres célèbres… Un album qui fait partie de mes coups de cœur !
A partir de 15 ans selon l@BD.
On en parle sur les blogs : Promenades et méditations, Un amour de BD, Le blog de Marsuline, Les pages qui tournent, Papivore…
Premières planches à voir sur Izneo.
Aller voir le site de l’auteur, qui explique aussi comment il a conçu son album, représenté des lieux qui existent (basilique St Marc et autres lieux de Venise), et reproduit des œuvres d’art.
Voir aussi le site de l’éditeur où une page dédiée présente des planches commentées, des scènes coupées, des commentaires historiques et techniques et des clins d’oeil picturaux…
Cet album a été récompensé plusieurs fois : prix Ouest-France / Quai des Bulles en 2014, prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique aux Rendez-vous de l’histoire à Blois en 2014.
Je suis heureuse de présenter cet album à l’occasion de , avec Stéphie qui en ce mercredi regroupe les billets de tous les autres participants !
j’avais aimé aussi cet album, j’avais vécu cette lecture comme une expérience 🙂
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Une expérience, c’est ça ! Et pour moi aussi, elle a été concluante ! 😀
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J’avais apprécié ce récit qui m’a appris des choses. 🙂
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Instructif, sans pour autant être barbant, c’est bien ça pour moi aussi !
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Je la prendrai sûrement pour le CDI celle-ci ! Merci ! 😉
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Tu es en lycée ? Il ne sera pas facile à « vendre » aux élèves, mais certains vont certainement accrocher !
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Intéressant et original.
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Tout à fait ! Et c’est pour cela que je voulais le présenter lors d’un mercredi BD… 🙂
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Les BD enrichissantes sont toujours les bienvenues !
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Complètement ! Cet album donne envie de retourner au musée voir des oeuvres de cette époque !
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Jamais entendu parler mais je ne suis pas super fan de ce genre d’album historique.
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Il n’est pas qu’historique, il y a l’histoire de la relation entre Antonello et Giorgione… Mais je peux comprendre aussi qu’on n’accroche pas.
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Si c’est un coup de coeur, il faut au moins que j’y jette un oeil !
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Ah oui, ce serait dommage de passer à côté !
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Pas trop ma tasse de thé, je crois 😉
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Les dessins sont très beaux pourtant… Mais le sujet peut rebuter, en effet.
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Je n’en avais jamais entendu parlé mais je suis très intriguée je dois dire ! Et curieuse aussi !
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Contente de partager une telle lecture à l’occasion de la BD de la semaine, et de remettre en avant un album qui le mérite !
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Beaucoup apprécié cet album aussi ! superbe graphisme …;
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J’ai beaucoup aimé le trait… et les reproductions de tableaux aussi !
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J’ai feuilleté cet album à sa sortie et je n’y suis pas revenue. Merci pour le rappel !
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De rien ! Je te souhaite de le trouver pour, enfin, le lire ! 🙂
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