BD fait de société, BD sentimentale

Une sœur

UNE SŒUR, par Bastien Vivès (Casterman, 2017)

une soeurAntoine a treize ans et quitte Paris avec ses parents et son frère pour passer l’été dans la maison familiale en Bretagne. Il s’entend plutôt bien avec son petit frère Titi, les deux ayant la même passion du dessin. Mais lorsqu’Hélène, ado de seize ans, vient passer une semaine avec eux et sa mère alors que celle-ci vient de faire une fausse couche, la vie d’Antoine est totalement bousculée : ce sont les premiers émois d’Antoine et Hélène va lui faire découvrir en une semaine plein de choses jusque là inconnues pour Antoine : alcool, sexe, sentiments, groupe d’adolescents… Mais ce sera aussi l’occasion pour elle d’avouer son mal-être et sa solitude…

Voici un album que j’ai vu passer plusieurs fois sur les blogs, et je garde le souvenir que les avis étaient divergents, certains aimant beaucoup, d’autres bien moins. J’avais déjà lu du Vivès avec Le goût du chlore (ce premier contact avec cet auteur m’avait refroidi, au point que je ne l’avais même pas chroniqué), mais j’avais persisté avec le magnifique Polina, et continué avec La famille, un recueil de strips parfois osés, mais tellement réussis… Tout cela pour dire que j’ai appris à apprécier le travail de Vivès au fil de mes lectures. J’étais donc assez confiante en ouvrant cet épais album de plus de 200 planches, et j’ai bien fait : j’ai retrouvé son trait si léger et en même temps si représentatif. En effet, pas besoin de dessiner les détails pour avoir une ambiance si particulière. Son trait va très bien pour laisser une part d’imagination au lecteur, et ça me plait beaucoup. Les couleurs sont très neutres, avec uniquement du blanc, du noir et des teintes de gris, placées comme de l’aquarelle. Les décors sont assez peu présents, l’auteur se concentrant sur les portraits ou des détails des corps. A ce propos d’ailleurs, on voit qu’il a apprécié de dessiner les formes d’Hélène (il suffit de voir son compte Instagram pour se rendre compte à quel point il aime dessiner les formes féminines…!)

Cet album se lit de manière fluide, l’histoire sans temps mort ayant un rythme assez addictif : on suit cette semaine pleine d’expériences (alcool, tabac, sexe, amitié…), à la fois pour Antoine qui quitte l’enfance pour l’adolescence et qui aimerait s’intégrer au groupe, quitte à outrepasser des interdits, mais aussi pour Hélène qui se révèle plus fragile qu’elle ne veut bien le montrer, à mi-chemin parfois entre enfance et adolescence. Bref, des personnages plein de contradictions, de vrais ados au final ! Le scénario sur l’apprentissage d’Antoine est bien écrit, dans le sens où chaque action prend le temps d’être développée. On s’attache aux deux personnages, qui se découvrent au fil de la semaine. Leur relation est ambiguë, entre amitiés et amours adolescentes, mais c’est le récit réaliste d’adolescents d’aujourd’hui.  Une sœur est un album qui ne laissera pas indifférent, et pour ma part, c’est une belle lecture comme je les aime !

A partir de 15 ans je pense.

On en parle sur les blogs : La ronde des post-it, Etagère imaginaire, Sans connivence, Mes échappées livresques, Au fil des livres

Premières planches à voir sur Izneo.

Cet album participe à la-bd-de-la-semaine-150x150, cette semaine chez Mo qui regroupe les billets des participants.

33 réflexions au sujet de “Une sœur”

  1. Bon. Vivès et moi c’est une relation complexe… Je n’aime pas son trait, j’avais baillé d’ennui avec Polina… mais je vais peut-être tenter celui-là quand même pour voir… Je dois être maso ^^

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    1. Pourtant son trait est expressif avec peu… mais oui, tu es peut-être un peu maso de tenter « une sœur  » mais qui sait ? Cela te fera peut-être changer d’avis (ou pas…) ??

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  2. Vivès est vraiment étrange.. je n’aime pas trop les BD avec ce genre de trait, minimaliste. Je viens de lire Les jours qui disparaissent, un peu dans le même style graphique et j’ai trouvé ca trop lisse… J’aime les dessins fouillés, les arrière plans… tout l’inverse de Vivès… et pourtant j’avais adoré Polina et ai été très touché par cette Soeur. Il arrive à passer des émotions, des expressions en trois traits d’un visage quasi vide! Je crois que ce gars a un vrai talent qui dépasse la technique seule. Une expressivité. J’aime bien découvrir des albums que je n’aurais pas ouvert au premier abord. Une soeur en fait partie. Je l’avais chroniqué aussi pour la BD de la semaine. Du coup je mets ton billet en lien.
    https://etagereimaginaire.wordpress.com/2017/12/27/une-soeur/

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  3. Comme toi je n’avais pas été sensible au « Gout du chlore » mais j’ai bien aimé celle-ci présentée en novembre. J’avais bien aimé aussi « Dans mes yeux » aux couleurs chaudes (on voit par les yeux d’un des personnages, c’est assez étonnant). Ce que j’apprécie chez cet auteur, c’est qu’il fait des choses très différentes !

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