Révolution, tome 1

RÉVOLUTION, tome 1 : LIBERTÉ, par Florent Grouazel et Younn Locard (scénario et dessin) (Actes Sud / L’an 2, 2019)

Avril 1789, une émeute a lieu à la manufacture Réveillon, à l’est de Paris, dans la faubourg St Antoine, suite à une baisse des salaires décidée par l’entrepreneur. C’est là qu’une enfant borgne échappe à ses poursuivants qui massacrent tous les émeutiers. A Paris, Laigret, journaliste pour « Le lys ardent » cherche des informations… Reine Audu, cheffe poissarde, garde la farine aux Halles, pour garantir la nourriture aux parisiens. Abel de Kervélégan, breton, arrive lui aussi à la capitale pour rendre visite à son frère Augustin, député du tiers-état convoqué aux états généraux, mais leurs opinions politiques sont très éloignées… Voici la révolution française vue par des gens normaux, à hauteur du peuple…

Aujourd’hui, sur le blog, voici un gros pavé, emprunté et lu après avoir vu l’exposition au festival des RDV de l’histoire à Blois début octobre (à l’époque où on pouvait sortir sans attestation…). L’exposition qui avait lieu dans la bibliothèque de l’abbé Grégoire (prêtre révolutionnaire, sacré clin d’oeil) était assez chouette, avec des planches agrandies (se prendre la Bastille en format XXL est impressionnant !), mais aussi des originaux, des précisions sur les personnages… Cela donnait vraiment envie de lire l’album. Bref, sur place, j’ai réservé l’album dans ma-bibliothèque-chez-moi, elle a mis quelques semaines à arriver chez moi (le temps de venir d’une autre bibliothèque assorti au confinement, cela a un peu traîné) et je me suis finalement mise dans cette histoire, en ayant un peu peur de l’épaisseur du volume (320 planches environ). Mon ami l’avait lu quelques jours avant moi et a adoré cet album (en même temps, il baigne dans l’histoire tous les jours, donc c’est assez normal…), alors je m’y suis attelée aussi. Au premier abord, le dessin est assez désarçonnant, puisque très irrégulier. Quand on sait que les auteurs scénarisent et dessinent ensemble, chacun son chapitre au niveau du dessin, on comprend mieux pourquoi on ne retrouve pas forcément les mêmes traits. Au départ peu convaincue par ce procédé, je me dis après coup que cela passe bien. C’est très changeant, l’image est très mobile, très dynamique. Les cadrages toujours différents donnent l’impression de suivre la situation comme un reportage, et tellement pris par l’histoire, on se prend les planches entières de plein fouet, que ce soit le magnifique plan de Paris, la prise de la Bastille ou encore une scène avec les députés…

Alors oui, il y a beaucoup de personnages, oui, il y a plusieurs lieux, l’histoire est complexe… Mais pour autant c’est une très belle façon de montrer l’Histoire d’une autre façon, à travers la vie de gens ‘normaux’, pas du côté du roi et de sa famille. Il y a quelques noms connus (La Fayette, Robespierre, Marat…), mais ils sont peu nombreux. On a surtout des personnages de niveaux sociaux très variés, qui parfois se croisent, même furtivement. J’ai apprécié qu’à la fin de ce volume il y ait des explications par un historien, et même si tous les personnages n’ont pas existé (par exemple Laigret ressemble, et pas de manière involontaire, à un homme du 21e siècle avec sa tête de fouine…), on rentre bien dans l’histoire. En tout cas, on se rend bien compte qu’il s’agit d’une période compliquée. Cependant, c’est bien construit, on a envie de savoir ce que chacun devient, et on s’attache aux personnages. Graphiquement c’est une découverte pour moi, mais j’ai hâte de lire la suite, prévue pour 2021 ou 2022…

A partir de 15 ans selon l@BD.

Quelques planches à voir sur le site de l’éditeur.

Cet album a reçu le Fauve d’or du meilleur album lors du festival d’Angoulême 2020, ainsi que le prix Cheverny de la BD historique à Blois en 2019.

On en parle (trop peu) sur les blogs : Carnets de sel… 

Cet album est présenté dans le cadre de , alors aujourd’hui tous chez Moka au milieu des livres pour découvrir les titres choisis par les amateurs de bulles…