BD adaptation, BD historique

Elle s’appelait Sarah

ELLE S’APPELAIT SARAH, par Pascal Bresson (scénario), Horne (dessin) (Marabout, 2018, coll. Marabulles), d’après le roman de Tatiana de Rosnay (2006)

srah1942, Sarah vit avec ses parents et son petit frère à Paris, quand ils sont raflés lors de ce qui sera appelé « la rafle du Vel d’Hiv ». Seul le jeune Michel échappe à la police française, en restant caché dans un placard, mais sa soeur lui jure de revenir le chercher aussi vite que possible…

2002, Julia Jarmond est une journaliste américaine qui travaille pour un titre destiné aux expatriés américains de Paris. Elle est chargée de rédiger un article à l’occasion des 60 ans de la Rafle du Vel d’Hiv, et va découvrir un pan (méconnu pour elle) de l’histoire de France, en se rendant sur l’emplacement du Vélodrome d’Hiver, puis à Drancy et Beaune-la-Rolande où les Juifs arrêtés ont été déplacés en attendant d’être envoyés vers les camps de la mort, à l’est… Dans la même période, elle va aménager avec sa fille et son mari dans l’appartement de la grand-mère de celle-ci, et sa vie privée va croiser son enquête journalistique…

Voici un album choisi sur le nom du scénariste Pascal Bresson, rencontré à Blois en octobre dernier. Après avoir lu Plus fort que la haine en novembre dernier, je me suis lancée dans cette adaptation d’un roman très connu qui a aussi été adapté en film. Cependant, je n’ai ni lu le premier, ni vu le second, alors je suis rentrée dans ce livre sans rien en attendre de particulier. J’ai suivi Julia, tout en me doutant bien que son enquête allait la mener plus loin qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Dès qu’il est expliqué que l’appartement de la grand-mère du mari de la narratrice est libre et que c’est la famille de l’héroïne de 2002 qui va venir y vivre, on se doute qu’il va y avoir quelque chose. On comprend assez vite que c’est là que 60 ans plus tôt habitait la famille de la jeune Sarah qui a cru bon de mettre son frère à l’abri dans un placard, pensant venir l’y chercher rapidement…

Malgré quelques éléments assez convenus et sans surprise, j’ai trouvé cette histoire vraiment triste et touchante, la scène la plus émouvante (et la case la plus effrayante) est celle de la découverte du petit frère caché dans le placard, mort de faim et de soif… Un vrai coup de poing que de voir cette scène qui n’est pas suggérée… 

Graphiquement, le dessin est très beau, un trait un peu sec qui montre des héros déterminés. Les couleurs grises montrent l’époque de la guerre, avec des touches de couleurs pour les yeux et les cheveux de la jeune Sarah et ses parents. Il n’y a rien de cela pour le 21e siècle, plus des tons sépias assez doux. Le trait est délicat, et le tout est adouci par des cases aux contours arrondis. J’ai beaucoup aimé cet aspect graphique. Les policiers et soldats allemands ainsi que les collaborationnistes sont des grandes figures noires, hautes et parfois un peu difformes pour ne pas nommer précisément, mais cela donne un côté satanique qui va bien avec le propos, ce ne sont que des ombres sur lesquelles on ne s’arrête pas, les personnages principaux de cette histoire étant Sarah et Julia, chacune à leur époque.

Pour conclure, j’ai aimé lire cet album, avec ses 200 pages d’un récit bien mené qui va rapprocher les deux filles/femmes malgré les années. J’ai globalement apprécié le personnage de Julia qui veut découvrir ce que sa belle-famille lui cache, même si elle comprend rapidement qu’il ne faut pas remuer la poussière sous le tapis, car elle est déterminée et se bat même si tout ou presque lui conseille de s’arrêter. La fin est un peu too much à mon goût, mais bon… Sinon, Sarah est quant à elle plus attachante, même si son histoire, même après la guerre, est extrêmement triste…

Le roman peut faire partie des titres à lire au collège en 3e, alors pourquoi ne pas tenter la version BD auprès des élèves ? Après tout, ce support est une façon comme une autre de se rappeler de cet épisode tragique de l’histoire française…

Non mentionné sur l@BD, je dirais à partir de 13/14 ans.

Premières planches à voir sur Izneo.

On en parle (beaucoup) sur les blogs : Entre les pages, Samba BD, A propos de livres, Mes échappées livresques, Blogonoisettes, Little pretty books, Anouk library

C’est mercredi, et c’est donc le RDV hebdomadaire de labd bleu, aujourd’hui chez Moka au milieu des livres

18 réflexions au sujet de “Elle s’appelait Sarah”

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