LEÇONS COLONIALES, par Azouz Begag et Djillali Defali (Delcourt, 2012, coll. Histoire et histoires)
Janvier 1945. Marie Delmas arrive à Sétif, en Algérie, après avoir traversé la Méditerranée en bateau. Elle vient y exercer son premier post d’institutrice, sur cette terre qu’elle connaît bien puisqu’elle y est née et que son père y est aussi enterré. Mais la cohabitation entre locaux et coloniaux n’est pas aussi facile qu’elle l’avait imaginée. Un parti indépendantiste algérien a fait son apparition, la tension entre Algériens et pieds-noirs se fait sentir de plus en plus fortement. A l’école, alors qu’elle souhaite que les enfants musulmans soient scolarisés avec les autres enfants, les parents des enfants d’origine européenne enlèvent leur progéniture et s’opposent à sa nouvelle méthode pédagogique. Dans ce contexte de fin de la seconde guerre mondiale, la tâche ne va pas s’avérer facile pour la jeune femme. Orchestré par les Français, le massacre de Sétif le 8 mai 1945, jour de la victoire des Alliés en Europe, va achever ses rêves de cohabitation entre les habitants de l’Algérie.
Voici un album que j’ai choisi pour son thème historique (on ne se refait pas…!), sur un sujet que je connais assez peu. Je me rappelais avoir entendu parler du massacre de Sétif le jour de la signature de l’armistice en Europe, mais je n’en savais pas beaucoup plus. Ici, il est dommage de ne pas avoir plus d’explications historiques dans un dossier en fin d’album, ou d’avoir un texte du scénariste, homme politique, écrivain et chercheur d’origine algérienne (connu, entre autres, pour avoir publié Le gone du châaba et pour avoir été ministre de 2005 à 2007). Bref, j’aurais vraiment aimé en savoir plus sur cet événement qui a été quelque peu éclipsé en Europe par la victoire alliée. J’aurais aimé en savoir plus sur la présence américaine à Sétif. Le scénario, chronologique, est assez décousu, on change de personnages fréquemment, ce qui fait que j’ai eu du mal à suivre l’histoire. Par contre, c’est tout de même un album intéressant de par son sujet, qui montre que les Français n’avaient pas pris en compte les problèmes locaux, et le fossé qui s’est creusé entre les Algériens et les coloniaux : niveau culturel, niveau de vie… C’est édifiant ! Il n’y a pas non plus de moralisation, pas de recherche du coupable. A propos du dessin, je ne connaissais pas le dessinateur, et après quelques recherches sur le net, j’ai appris qu’il était connu pour avoir dessiné de la science fiction ! Ici, point de SF, mais un dessin très réaliste, assez traditionnel, très détaillé. Pas désagréable, mais pas de coup de cœur pour moi non plus. Bref, un album à essayer, à condition d’en savoir déjà assez sur le contexte…
A partir de 13 ans selon l@BD.
On en parle sur les blogs : Le blog BD de Madmoizelle, Lelitoulalu, Le blog-notes Critic blog…
Quelques planches sur le site de l’éditeur.
Rencontre filmée avec les auteurs sur le site Culture Box.