ROUGE KARMA, par Eddy Simon (scénario) et Pierre-Henry Gomont (dessin) (Sarbacane, 2014)

Adélaïde, enceinte de huit mois, arrive à Calcutta pour signaler à la police la disparition de Matthieu, son compagnon et père de son enfant à naître. Dès l’aéroport, elle fait la connaissance d’Imran, jeune chauffeur de taxi qui va l’aider dans ses démarches et la guider dans cette grande ville inconnue. Sans passer à l’hôtel, la jeune femme dépose plainte au commissariat, mais l’inspecteur ne trouve aucune trace administrative de Matthieu. Adélaïde, que personne ne prend au sérieux en France ou en Inde, décide alors de mener ses recherches seule, aidée d’Imran qui va lui dévoiler des parts de culture indienne. La Calcutta qu’elle va découvrir est bien loin de celle des guides touristiques, et la raison de la disparition de Matthieu va s’avérer cacher un secret d’état et une possible crise diplomatique…
Rouge karma est un album à la couverture très colorée qui correspond tout à fait à l’esprit de l’histoire qui se situe en Inde, pays multicolore s’il en est. J’ai aimé cette histoire qui se développe sur 128 pages, même si quelques facilités dans le scénario m’ont un peu dérangée : un appartement vide trouvé un peu trop facilement, une confiance presque aveugle envers le chauffeur de taxi auquel Adélaïde ne pose pas aucune question… Sa venue en Inde est elle aussi assez improbable : prête à accoucher, elle a l’air d’avoir une forme olympique presque tout le temps, elle ne se ménage pas vraiment et son ‘état’ n’a pas l’air d’inquiéter plus que cela. Mais mis à part ces quelques bémols, cet album est vraiment très instructif sur l’Inde, ses croyances, ses traditions, son mode de vie, ses habitants. Mine de rien, il est riche en informations et en détails, tellement qu’on entendrait presque le bruit des rues de la mégapole indienne ! Vraiment, ça donne envie de voyager, si on excepte la corruption et les vols… Il aborde aussi dans la dernière partie de l’album une thématique politico-écologique intéressante, ce qui n’est pas négligeable non plus. J’ai lu sur le site de l’éditeur que le scénariste habite en Inde, ce qui donne encore plus de crédit à cet album. Le dessin de Pierre-Henry Gomont, que je découvre là, contribue également à cette envie de voyage : il est très agréable, un peu désarçonnant au départ car pas toujours très net, mais variant les angles de vue pour rendre compte du dynamisme du pays. Les couleurs aident à entrer dans l’histoire : j’aime beaucoup la couleur de cheveux de l’héroïne, qui semble irradier sur chaque case. Les autres couleurs sont très jolies, légères, aériennes. On a ici un joli album qui incite à la découverte d’une culture très éloignée de la nôtre.
A partir de 13 ans selon l@BD.
On en parle sur les blogs : Au milieu des livres, D’une berge à l’autre, Bédépolar, 9ème art, Delphine’s books and more…
Quelques planches sur le site de l’éditeur.
La page Facebook du scénariste et le blog du dessinateur.
Cet album fait partie de la sélection Prix SNCF du polar 2015, catégorie BD.