199 COMBATS : L’HISTOIRE VRAIE DE MICHEL PAPAZIAN, BOXEUR DE LA GUERRE FROIDE, par Michel Papazian, Jean-Blaise Djian (scénario), Nicolas Brachet (dessin et couleurs) (Emmanuel Proust éditions, 2008, coll. Atmosphères sport)

Histoire de Michel Papazian, français né à Nice en 1934 de parents arméniens, exilés depuis le génocide de 1915. Son père décède en 1940, et fait promettre à son épouse de ramener ses trois fils en Arménie, promesse qu’elle réalise en 1947. Le voyage en bateau se déroule bien au départ, les autorités soviétiques faisant tout pour que le trajet soit agréable, mais une fois le détroit des Dardanelles traversé et l’arrivée en territoire soviétique, l’attitude des autorités change : surveillance des nouveaux arrivants, trajets moins agréables en train surchargé, promesse d’une maison individuelle non tenue… La vie en Union Soviétique est bien moins réjouissante qu’il n’y paraissait. Michel avait découvert la boxe à Marseille auprès d’un camp militaire américain, et il a poursuivi son sport en Arménie. Il gagne tous les titres dans les différentes catégories, est reconnu comme le meilleur boxeur de sa génération, mais il n’est pas autorisé à sortir du territoire pour les jeux olympiques de Melbourne. En effet, les autorités ont peur qu’une fois le rideau de fer traversé, il reste à l’ouest, lui qui se dit plus français qu’arménien (il a conservé sa nationalité française)… Il va falloir attendre des années pour que Michel et toute sa famille puissent retourner à l’ouest…
Voici un album original de par son sujet. Il mêle la biographie d’un boxeur reconnu en son temps avec la grande Histoire, celle de la guerre froide. J’ai beaucoup aimé la lecture de cet album, qui comporte assez de scènes de combat pour satisfaire les passionnés de sport, mais qui apporte aussi bon nombre d’informations historiques sur la vie en URSS. Bref, un très bon scénario, qui passe parfois assez vite sur des périodes (l’album ne fait que 52 pages, et retrace la vie de Michel Papazian d’avant sa naissance à nos jours, avec la rencontre du scénariste avec le héros de l’histoire). Bref, beaucoup d’événements relatés dans cet album assez dense mais à la lecture aisée. Le seul bémol que je mettrais serait au niveau du dessin, qui comporte parfois certaines incohérences : des jambes qui se plient bizarrement, une main un peu trop grosse par rapport au corps, un bras un peu trop court. Ces étrangetés gênent un peu à la lecture, et même si le trait est parfois hésitant, ce sont vraiment des détails, et pour moi c’est vraiment le récit de la vie de Michel qui est plus important que le dessin. Les couleurs sont assez pastels, un peu passées, et nous plongent bien dans l’ambiance peu réjouissante de la guerre froide. En fin d’album, en une page, il y a la biographie de Michel Papazian (au cas où le lecteur n’aurait pas compris les 52 pages précédentes !), ça peut être utile pour les jeunes qui n’ont pas forcément les clés pour comprendre le contexte, mais cela n’a pour les adultes pas spécialement d’intérêt. Il y a aussi quelques photos d’époque, pas mal pour prolonger quelque peu la lecture. 199 combats est pour moi une lecture bien intéressante, un témoignage dessiné qui pourra intéresser bon nombre de lecteurs de BD.
A partir de 10 ans selon l@BD.
On en parle (bien peu) sur les blogs : Le bateau livre…
Consulter le site du dessinateur Nicolas Brachet.
Une planche à voir sur Bédéthèque.
En cherchant un peu sur le site de la fédération française de boxe, je me suis rendue compte que le héros de l’album est décédé en février dernier, à l’âge de 79 ans… 😦