LITTLE TULIP, par Jerome Charyn (scénario) et François Boucq (dessin) (Le Lombard, 2014, coll. Signé)
1970, à New-York, Paul est un tatoueur talentueux réputé, qui collabore aussi parfois avec la police pour établir des portraits-robots à partir des dépositions des témoins. En ce moment, un tueur déguisé en père Noël viole et assassine des jeunes femmes dans des ruelles de la ville, mais sans témoin, impossible pour Paul d’établir le portrait du tueur. Paul a un talent inné pour le dessin, d’ailleurs c’est ce qui l’a sauvé dans sa jeunesse, alors qu’il vivait avec ses parents artistes à Moscou, et qu’ils ont été arrêtés et envoyés au goulag. Séparé de sa famille à l’âge de sept ans, Paul (alors nommé Pavel) va connaître l’enfer du goulag, avec la main-mise des gardiens sur les enfants, mais aussi les gangs et la violence incessante. Seul son don pour le dessin pourra le faire sortir de cette situation, en le mettant sous la protection d’un chef de gang, où il découvre un mode de vie bien cruel.
Voici une des nouveautés de ma bibliothèque que j’ai choisie car j’avais repéré cet album dans la dernière sélection officielle à Angoulême. Sa couverture est particulière avec ce torse et son tatouage imposant mêlant une rose, des barbelés et une tête de mort à l’intérieur d’une tête de loup. J’ai donc sauté sur l’occasion quand j’ai vu cet album parmi les derniers arrivés. Pour tout dire, je ne connaissais pas du tout ces auteurs, mais j’ai lu quelque part sur Internet qu’ils ont déjà collaboré il y a 25 ans pour un album qui avait fait date. Moi pour le coup, je découvre complètement, donc je n’ai pas d’éléments de comparaison. Finalement, j’ai beaucoup aimé le trait de François Boucq (grand prix à Angoulême en 1998), dessin très détaillé surtout au niveau des portraits. Il est certes assez classique avec ses couleurs un peu pâles, mais très expressif. Les nombreux tatouages sont magnifiques, et c’est un sacré tour de main que d’en avoir reproduit autant. Réaliste comme il faut, le dessin est vraiment très agréable à l’œil. Il sert un scénario complexe de l’américain Jerome Charyn, très bien construit, alternant de façon très fluide entre les années 1950 en Sibérie et les années 1970 à New-York. C’est noir, cruel, sanglant, violent, mais c’est sacrément bien fait, entre enquête américaine et survie au goulag. Cet album fait très masculin au premier abord, mais je dois dire que j’ai été touchée par l’histoire de Paul/Pavel qui s’est forgé dans un univers de violence. La fin de l’album, sans la dévoiler, est un peu facile à mon goût, mais elle passe quand même, car le reste de l’album tient sacrément la route. Ce que je retiendrai surtout de cet album fort, ce sont le scénario tout de même bien construit aux multiples détails ainsi que le dessin ultra précis, presque chirurgical parfois. Maintenant, je vais aller voir si la bibliothèque a d’autres albums de ces auteurs…
A partir de 15 ans selon l@BD.
On en parle (beaucoup) sur les blogs : Un amour de BD, Vu des yeux d’OliBD, Mille et une frasques, Samba BD, La bibliothèque du Dolmen, Depuis le cadre de ma fenêtre…
Premières planches à lire sur Izneo.
Interview de François Boucq à lire sur un amour de BD.
Portrait du dessinateur français à lire sur Libération.
C’est ma septième participation à
, cette semaine chez Noukette.