ELMER, par Gerry Alanguilan (éditions çà et là, 2010, coll. longues distances)
2003, Jake est un dépressif, qui est jaloux du succès de son frère acteur, et surveille sa soeur May, qui veut épouser un homme. Particularité de Jake et sa famille : ce sont des poulets, qui depuis 1979 ont les mêmes droits que les hommes. Alors que leur père Elmer vient de mourir, Jake retrouve son journal et comprend comment les poulets, qui sont devenus conscients et doués de parole, ont dû lutter pour se faire accepter par les hommes, au prix souvent de leur vie, et comment les descendants de ces pionniers peuvent désormais vivre en sécurité. Au départ, lorsque les hommes découvrent que les poulets parlent, c’est un massacre : tous les poulets sont tués par les hommes méfiants. Un homme va sauver trois poulets, les parents de Jake et son oncle, mais celui-ci, animé de vengeance, ne survivra pas longtemps. Grâce à leur protecteur, les deux poulets survivants vont pouvoir apprendre à lire, à écrire… Avec les écrits de son père, Jake retrace donc l’histoire des poulets…
Encore un album emprunté pour cette fois la couverture originale et intrigante : un portrait en couleurs d’un poulet, sur fond de documents du passé (photos et journal intime). Je ne savais pas que je tenais entre mes mains la première BD des Philippines traduite en français (ça c’est écrit dans la préface si je me rappelle bien). L’histoire est au départ un peu déjantée : les poulets sont doués de conscience et de parole, et sont considérés à l’égal de l’homme. En retraçant l’histoire des poulets, Gerry Alanguilan traite de racisme, de ségrégation, de dialogue entre les espèces, puis enfin de paix. Bref, sans être moralisateur, il arrive à faire passer un beau message dans cet album original. Le dessin est très détaillé, très travaillé, en noir et blanc. Certaines scènes sont vraiment violentes (lorsque les poulets sont massacrés), c’est impressionnant. C’est un peu dans la veine de Blacksad (les personnages sont des animaux), mais avec un fort message subliminal de tolérance. Je ne suis pas fan des poulets, et pourtant je garde un bon souvenir de cet album, intéressant et original.
A partir de 15 ans selon l@BD.
On en parle sur les blogs : Liratouva, Maison Usher, Return the pages, Blog-o-livre, article de Télérama.
Cet album a obtenu le prix Quai des Bulles 2011.
Lire (en anglais) le blog de l’auteur philippin, encreur de comics.