LE MARI DE MON FRÈRE, tome 1 à 3 par Gengoroh Tagame (Akata, 2016)
Yaichi élève seul sa fille Kana qui est en primaire. Un jour débarque chez lui un canadien, Mike Flanagan, qui n’est autre que le mari de son frère jumeau Ryôji. Au départ très perturbé par cette arrivée, il n’a pas d’autre choix que de l’accueillir mais ne sait pas comment se comporter vis-à-vis de lui.. Heureusement que Kana va détendre la situation… Chez les voisins, cela se sait qu’il y a un homosexuel chez Yaichi et Kana, et certains le voient d’un mauvais oeil, leur comportement change…
JIZO, par Mr Tan (scénario) et Mato (dessin) (Glénat manga, 2020)
Aki est un petit garçon pleure, seul dans un parc. Il a perdu ses parents. Un autre jeune garçon prénommé Jizo se propose de l’aider et lui conseille de le suivre. Mais au lieu de le conduire chez lui, il l’emmène dans un temple. La nuit tombe, le jeune garçon est encore plus apeuré. Que se passe-t-il ? Où sont ses parents ? Et qui est ce jeune garçon qui veut l’aider mais ne le ramène pas ? Où habite-t-il véritablement d’ailleurs, pourquoi ne semble-t-il pas avoir de famille ?
Asa est une fillette en 1959 lorsqu’un typhon s’abat sur Nagoya alors que sa mère doit accoucher. Elle court chercher le médecin mais sur la route, est kidnappée presque involontairement par un vieil homme voleur qui l’attache dans un hangar désaffecté, en attendant que la tempête passe, et lui raconte son passé d’ancien combattant pilote de l’air. Quelques heures plus tard, lorsqu’il ouvre les portes du lieu désert, il n’y a plus rien ou presque, tout est noyé… Asa et Kasuga restent ensemble, et se mettent à vouloir sauver les habitants après la catastrophe qui les a frappés…
LA BOMBE, par Laurent-Frédéric Bollée, Didier Alcante (scénario) et Denis Rodier (dessin) (Glénat, 2020, coll. Mille feuilles)
Le 6 août 1945 est une date dans toutes les mémoires : une bombe atomique américaine a détruit la ville japonaise d’Hiroshima. Mais cette bombe est le résultat d’un long processus, de recherches et d’essais mêlant des scientifiques de tous les pays, de diplomatie et de politique, et le choix d’Hiroshima n’est pas non plus un hasard… Cet album présente dans les moindres détails la bombe, son origine, les scientifiques qui l’ont conçue, les enjeux qu’elle avait pour la fin de la guerre mais aussi pour la suite du XXe siècle…
HIBAKUSHA, par Thilde Barboni (scénario) et Olivier Cinna (dessin) (Dupuis, 2017, coll. Aire libre), d’après la nouvelle Hiroshima, fin de transmission de Thilde Barboni.
Ludwig est interprète traducteur de japonais dans l’Allemagne nazie. En 1944, la Alte Kommandantur lui propose un poste important à Hiroshima, qu’il ne peut refuser : il doit partir d’ici une heure direction le pays allié. C’est un déchirement pour lui de quitter son fils (moins sa femme avec laquelle il ne partage plus grand-chose hormis leur fils). Le voilà parti dans un sous-marin… Lorsqu’il arrive dans le port d’Hiroshima, il est accueilli par un de ses amis d’enfance, Okito, avec lequel il a grandi quand son père travaillait au consulat d’Allemagne. Les deux amis vivent ensemble, et Okito fait le chauffeur. Un jour, lors d’une alerte aérienne, Okito sauve Ludwig (blessé à la jambe depuis l’enfance), et ils arrivent dans un abri. Ludwig est troublé par la présence d’une femme en kimono toute proche de lui, et dont il sent tous les mouvements du corps. Eprouvé par son travail de traduction et par sa jambe qui le fait souffrir, Ludwig demande conseil à Okito qui l’amène chez un acupuncteur, dont l’assistante se révèle être la femme troublante de l’abri. C’est le début d’une histoire d’amour entre les deux, mais Ludwig sent que le vent tourne, et quand l’Allemagne capitule en avril 1945, lui et ses compatriotes passent pour des traîtres… C’est la fin du printemps et Okito ne peut plus grand-chose pour lui, Ludwig demande à son amour japonais de quitter Hiroshima…
UN THÉ POUR YUMIKO, par Fumio Obata (Gallimard, 2014, coll. Bayou)
Yumiko est une jeune femme japonaise qui vit depuis quelques années à Londres, ville qu’elle apprécie beaucoup. Elle partage sa vie avec son ami britannique Mark et s’éclate dans son travail. Un jour, son frère l’appelle du Japon et l’informe du décès de son père. Yumiko prend alors seule l’avion pour se rendre aux obsèques de son père ; c’est l’occasion pour elle de retrouver sa famille et de se rendre compte du décalage culturel entre son pays d’origine et son pays d’adoption. Elle en profite aussi pour retrouver ses racines et rendre visite à sa mère qui l’a toujours poussée à croire en ses rêves.
Voici un album qui était passé sur des blogs de lecteurs il y a quelques temps, et que j’avais noté. Dernièrement, il faisait partie des nouveautés à la bibliothèque, et je me suis donc laissée tenter par cette histoire mêlant deux cultures. Tout d’abord, je dois dire que j’ai beaucoup aimé le trait de l’auteur ainsi que la méthode de l’aquarelle qui confère à ce récit une agréable touche poétique et légère. Le trait est simple, sans superflu, parfois presque naïf, et il passe très bien dans cette histoire réaliste. J’ai aimé que le dessinateur ne représente pas la famille de Yumiko avec des traits typiquement japonais, car cela universalise le récit.. L’histoire se lit facilement, les pages se tournant presque parfois trop vite (il y a assez peu de textes et beaucoup de choses passent par l’image). Le récit est pourtant lent, il faut dire qu’il ne se passe pas énormément de choses dans cette histoire, sans pour autant que le lecteur s’ennuie. La relation de Yumiko avec sa famille n’est pas facile, et on la suit sans déplaisir dans son introspection et son retour aux sources. Un thé pour Yumiko est une histoire toute sensible sur la famille ainsi que le deuil tel qu’il peut se vivre au Japon. L’histoire comporte beaucoup de non-dits, et on sent l’héroïne entre deux cultures, n’étant plus vraiment japonaise sans pour autant être complètement européenne. C’est un point de vue intéressant, mais je suis restée un peu sur ma faim tout de même, il m’a manqué un petit quelque chose que je ne saurais décrire. Peut-être est-ce la fin un peu abrupte, où Yumiko se dit en revenant à Londres que rien n’a changé et reprend le cours de sa vie… Il n’en reste pas moins que cet album est une jolie histoire poétique avec de magnifiques dessins aux tons pastels, même si ce n’est pas pour moi un coup de cœur.
GIACOMO FOSCARI, tome 1 : MERCURE, par Mari Yamazaki (Rue de Sèvres, 2013)
Giacomo Foscari est un adolescent qui est né à Venise dans une famille aisée. Le fascisme commence à prendre de l’ampleur, son oncle s’est engagé dans ce parti mais ses parents réprouvent ce nouveau pouvoir montant. Giacomo apprend que la statue de Mercure qui est dans sa famille depuis des générations lui reviendra un jour. Passionné d’Antiquité, il admire pourtant un autre garçon de son âge, Andrea, issu d’un milieu populaire, et essaie de partager avec lui son amour de l’histoire antique. D’ailleurs, Giacomo a poursuivi dans cette voie, puisqu’en 1966, il est devenu professeur d’histoire occidentale dans une université de Tokyo. Sa vie s’écoule paisiblement dans les milieux intellectuels de la ville, mais il découvre aussi les premières émancipations de la jeunesse japonaise. En 1993, retraité, il revient une nouvelle fois au pays du soleil levant…
Voici un des premiers albums édités chez Rue de Sèvres en septembre 2013. L’objet en lui-même est déjà joli : format d’un roman, belle couleur de la couverture et papier de qualité. Je me suis lancée sans a-priori dans cette lecture, et j’ai découvert un personnage principal assez peu bavard, qui ne dévoile son passé en voix off par bribes plus ou moins développées. Le récit s’écoule lentement, en faisant des allers et retours dans le temps, l’histoire prend le temps de s’installer car il ne s’agit là que d’un tome 1. D’ailleurs, de nombreuses thématiques sont abordées sans pour autant être développées et on ne comprend pas forcément ce que ça vient faire dans le récit, surtout vers la fin où on perd de vue le personnage qui donne son nom à cette série. Par contre, Mari Yamazaki nous fait découvrir par touches des éléments culturels italiens et japonais, ce qui n’est pas inintéressant. Le dessin est japonais dans le sens où il est épuré, avec peu de décors.Ce qui est vraiment étrange dans le trait, c’est l’absence parfois du nez au milieu de la figure des personnages lorsqu’ils sont de face (et soudain de profil, le nez revient !). Pas de couleurs, mais une utilisation des gris pour réveiller un peu les dessins. Autant dire que je ne suis pas spécialement enthousiasmée par le dessin, même si je reconnais qu’il est joli et travaillé, un peu comme Taniguchi le fait. C’est vraiment au niveau du scénario que je n’accroche pas, c’est trop lent pour moi et puis ça part un peu dans tous les sens, dans le sens où de nombreuses pistes sont lancées sans forcément expliquer, et cela est typiquement le genre d’histoire qui me déplaît. Par exemple, on ne sait pas trop ce que revient chercher Giacomo au Japon en 1993, en tout cas ce n’est pas clairement dit. Mon avis est donc grandement mitigé sur cette série dont on attend toujours la sortie du tome 2 qui était au départ annoncée pour 2014…
VERTICAL, tome 1, par Shinichi Ishizuka (Glénat, 2013)
Sanpo Shimazaki est un secouriste bénévole qui met ses talents d’alpiniste au service des secours japonais. Il est tellement mordu de montagne qu’il vit dans une tente à flanc de montagne. Il parvient parfois à sauver des touristes en bien mauvaise posture, mais quelquefois il descend des corps sans vie dans la vallée. Pourtant, il reste optimiste, et est même considéré comme fantasque par la police locale. Kumi Shiina travaille dans un bureau de la police, et va être amenée à suivre Sanpo dans ses sauvetages. Elle n’aime pas la montagne à cause de ces drames, mais Sanpo va-t-il parvenir à la faire changer d’avis ?
Voici venir sur ce blog un manga. Cela faisait plus de deux ans que je n’avais pas présenté de BD japonaise, j’avais un peu laissé tomber ce genre-là par manque d’envie et à cause de séries trop longues à mon goût. Je redémarre doucement avec ce seinen sorti à l’été 2013 sur un thème rarement abordé en BD, l’alpinisme. Tout de suite, dès la couverture, cela m’a fait penser au Sommet des dieux de Taniguchi, une série que j’ai eu du mal à commencer mais qui ne m’avait pas déçue, loin de là. Et bien, Vertical même s’il aborde le même sujet n’est pas pareil : là on suit un sauveteur surdoué, qui par passion de la montagne, va tout faire pour tirer d’un mauvais pas des alpinistes plus ou moins chevronnés. J’ai été moyennement conquise par cette lecture : j’ai trouvé le personnage de Sanpo trop irréaliste pour être vrai : il est trop de bonne humeur alors que la situation ne s’y prête pas (un peu comme lorsque le présentateur du journal télévisé a un sourire aux lèvres lorsqu’il annonce le dernier massacre dans un pays en guerre). Ses réactions sont parfois disproportionnées et ses sauvetages dignes des meilleures séries américaines. De plus, je pensais qu’il y aurait plus de fil conducteur, mais en fait Vertical est une succession d’histoires sans lien autre que Sanpo (et parfois Kumi). Je n’ai pas eu le temps de découvrir les histoires des autres alpinistes, car on passait trop rapidement sur leur accident puis leur sauvetage. Par contre, et il faut reconnaître cet intérêt à ce manga, on apprend des petites choses pas inintéressantes du tout sur la montagne : les balises pour être repéré lorsqu’on est coincé sous une avalanche ou encore des termes techniques de montagne. Mais ce que je retiendrai surtout, et c’est bien dommage, c’est l’aspect décousu du récit, avec seulement Sanpo en (maigre) fil conducteur. J’ai aussi eu du mal avec les bulles parfois en anglais, parfois en français : je ne sais pas si traduire juste en dessous était une bonne idée, surtout si c’est juste pour montrer la nationalité étrangère des protagonistes… Dommage car le sujet est original, et le dessin agréable, typique du manga et très réaliste. A essayer tout de même si le cœur vous en dit.
Daniel est un américain de 25 ans qui vient de terminer ses études et commence son premier emploi en tant qu’assistant scolaire dans un établissement à Tônoharu, une petite ville dans la campagne japonaise. Arrivé sur place, il rencontre d’abord Wendell, son prédécesseur qui lui paraît un peu déprimé et content de rentrer au pays. Il rencontre aussi Constance, une américaine qui va avoir le même poste que lui, mais à deux heures de train. Maîtrisant peu le japonais, son intégration est difficile dans son établissement et au dehors. De plus, il a peu de contacts avec l’extérieur et sa vie personnelle n’est vraiment pas palpitante. Les quelques expatriés qu’il rencontre sont étranges, les enseignants d’anglais avec lesquels il travaille ne sont pas forcément tous enclins à travailler avec lui… Le Japon vécu par le jeune homme n’est pas forcément celui dont il avait rêvé, sa solitude lui pèse de plus en plus…
Voici un roman graphique de 272 pages acheté à Angoulême en janvier dernier. Je l’ai lu pendant les surveillances du bac (chut, il ne faut pas le dire !), et s’il n’avait pas fallu surveiller les élèves (ben oui quand même !), je l’aurais lu d’une traite tellement il est entraînant ! Ce journal semi-autobiographique est très intéressant et casse avec l’image rêvée du Japon. Il montre des japonais dont les habitudes sont très éloignées des notres, et donc le contact social est très difficile. L’intégration dans une société étrangère n’est pas si aisé qu’on pourrait le penser. La désillusion de Daniel est forte, et on le comprend ! Les japonais n’ont pas une image flatteuse dans ce roman graphique, ils se montrent peu (voire pas) intéressés par l’autre, soucieux de leur image (les traditions exercant une forte pression), avec des préjugés également. La situation du jeune américain fait presquepitié, car finalement il est seul presque tout au long de l’histoire, et Constance, l’autre assistante américaine ne fait rien ou presque pour l’aider, c’est déroutant. Bref, Tônoharu a un scénario inattendu qui casse les clichés sur le pays du soleil levant. Concernant le dessin, il est simple, assez rond mais efficace. L’auteur utilise un gaufrier de quatre cases fixes, il aime aussi faire les décors sous forme de lignes rapprochées. Il y a pas mal de détails, comme par exemple sur la couverture, où au premier coup d’oeil, on ne remarque pas le héros tout au milieu, dans un cercle blanc. J’ai apprécié de lire en fin de livre les explications de Lars Martinson quant à ses choix de dessin, de couleur, d’écriture et de mise en page. Un ouvrage déroutant sur un sujet intéressant, pour avoir un autre point de vue sur le pays du cosplay et du manga (et oui, ça fait cliché !!), car au Japon, il n’y a pas que Tokyo…
Par contre déception en fin d’ouvrage, il ne s’agit que du premier volume de l’histoire (qui regroupe déjà les deux premiers tomes parus en anglais)… et rien n’est sorti depuis… On va devoir donc attendre la suite… mais jusqu’à quand ?
CHI, UNE VIE DE CHAT, tome 1, par Konami Kanata (Glénat, 2010, coll. Kids)
Récit de la vie d’un chat qui vient de se perdre, et est recueilli par un fils et ses parents. Ils l’appellent Chi (pipi en japonais), et vont devoir tout faire pour le cacher des voisins de leur immeuble, car ils n’ont pas le droit, d’après le règlement de leur immeuble, d’avoir un animal de compagnie. Cela va engendrer quelques situations un peu périlleuses…
Voici un manga tout en couleurs, et dans le sens de lecture occidental. Il est clairement destiné aux jeunes enfants, qui débutent la lecture, et il plaît aussi aux jeunes collégiennes. Et bien, pour tout dire, il m’a été difficile de terminer ce tome, même s’il n’est pas spécialement long. Organisé en courts « chat-pitres », on suit différents épisodes de la vie du chat (chez le vétérinaire, l’apprentissage de la propreté, la déception, la bagarre…), il n’y vraiment rien d’excitant là-dedans, pas de rebondissements majeurs, pas de second degré ou d’autre lecture possible, bref c’est mou. Le dessin est kawai, mignon, mais au-delà, c’est le vide. Les couleurs sont agréables, pastels, légères. Il y a assez peu de décors, et le dessin prend clairement les caractéristiques du manga (les grands yeux exagérés, des cases découpées parfois de biais…). Je n’ai pas du tout aimé le fait que le chat parle avec un cheveu sur la langue (ou plutôt de façon bébé), lorsqu’il dit « ze n’ai pas le temps » ou encore « c’est un nouveau zeu ». Et cerise sur le gâteau, l’exclusivité en fin d’album, qui est complètement inintéressante, le plan de l’appartement de la famille d’accueil. Ainsi, vous l’aurez compris, contrairement à pas mal de blogueurs, je n’ai pas craqué pour ce chat, certes bien dessiné, mais c’est vraiment trop creux pour moi, désolée.