LE CHIEN QUI LOUCHE, par Etienne Davodeau (Futuropolis / Le Louvre éditions, 2013)

Fabien est agent d’accueil et de surveillance au Louvre depuis une quinzaine d’années et est passionné par son métier. Depuis quelques temps déjà, il est en couple avec Mathilde Benion, une jeune femme originaire de la campagne mais qui adore vivre à Paris, où elle est intérimaire. Un jour, Mathilde décide de présenter Fabien à son père et à ses frères, qui dirigent un magasin de meubles. La famille de Mathilde réserve un accueil assez rustre à Fabien, mais lorsqu’ils apprennent le métier de leur nouveau beau-frère, les deux frères de Mathilde lui présentent un tableau peint par un ancêtre au 19ème siècle, représentant un chien qui louche. Fabien a beau affirmer qu’il ne peut rien y faire, les Benion sont persuadés que leur tableau mérite sa place au Louvre. Fabien ne réussit pas à refuser de prendre en charge le tableau, et va donc amener la pseudo-oeuvre d’art à Paris, où il va la présenter à un mystérieux comité secret où participe un visiteur habitué du célèbre musée parisien…
J’ai profité de l’été pour piocher un peu dans les albums qui m’attendaient depuis plusieurs mois dans mes étagères. Et un peu par hasard, dans ma lancée de BD sur le thème de l’art (cf Moderne Olympia), je suis tombée sur cet album, acheté le jour de sa sortie l’an dernier, et je me suis lancée avec plaisir dans cette lecture. J’ai reconnu au premier coup d’œil le style de Davodeau, avec ses personnages si caractéristiques. Il n’utilise que du noir, blanc et gris dans cette histoire, mais cela passe bien dans l’histoire, il n’y a pas besoin de couleurs pour évoquer un lieu si prestigieux. L’auteur réussit en effet à raconter une histoire autour du Louvre, tout en mêlant une histoire de famille. Ainsi plusieurs œuvres du Louvre sont présentes dans l’histoire, je pense par exemple à la victoire de Samothrace et aux Cariatides. D’autres sont simplement évoquées dans les dialogues, mais cela montre l’extrême diversité des œuvres du musée. En tant que lecteur, on a l’agréable impression de passer de l’autre côté, de ne pas être simple visiteur,et j’ai trouvé cela c’est intéressant. L’auteur interroge aussi sur la question de l’art : Qu’est-ce que l’art ? Toute production mérite-t-elle sa place dans un musée ? La situation de Fabien est étrange, car il sait très bien que le chien qui louche est une croûte qui ne mérite absolument pas sa place dans un musée, mais en même temps, pour s’intégrer dans sa belle-famille un peu beauf, il essaie de faire plaisir à ses beaux-frères et à son beau-père en accédant à leur demande. Finalement, entre le professionnel et le privé, Fabien ne sait trop quoi faire n’osant pas contrarier sa belle-famille, et cette situation prête à sourire. Davodeau manie bien les ficelles de la comédie, il suffit de lire les dialogues entre Mathilde et Fabien pour s’en rendre compte : les dialogues entre eux sont souvent drôles, et ceux avec la belle-famille aussi, mais pas de la même façon (car ces derniers sont quand même particulièrement « beauf »). Bref, j’ai bien aimé lire cette histoire, qui a pour cadre le magnifique musée du Louvre. Même s’il s’agit d’une demande du musée, je trouve que Davodeau a réussi à y insérer sa patte et à montrer le lieu sous un angle différent, c’est donc pour moi une réussite. Maintenant, y’a plus qu’à aller sur place pour voir les œuvres en vrai…
A partir de 13 ans selon l@BD.
On en parle (beaucoup) sur les blogs : My little discoveries, Lecture de Richard, Chroniques de l’invisible, La bibliothèque de Noukette, Lettres exprès, Mille et une frasques, Sulli raconte sa BD, Le blog de Véronique D…
Premières planches à lire sur Izneo.
Interview radio de l’auteur à écouter sur France Culture.