DELACROIX, par Alexandre Dumas et Catherine Meurisse (Dargaud, 2019)
Alexandre Dumas était un ami du peintre Eugène Delacroix. En 1864, un an après sa mort, il retrace le parcours du défunt, en égrénant les anecdotes depuis sa prime enfance jusqu’à la fin de sa vie, en passant par ses rencontres… Les anecdotes plus ou moins importantes se succèdent. Lire la suite « Delacroix »→
NYMPHÉAS NOIRS, par Fred Duval (scénario) et Didier Cassegrain (dessin et couleurs) (Dupuis, 2019, coll. Aire Libre), d’après le roman de Michel Bussi.
A Giverny, 3 femmes (Fanette, 11 ans, Stéphanie, institutrice d’une trentaine d’années, et une vieille dame âgée aux épaisses lunettes rondes…) vivent dans ce tranquille village normand connu pour avoir été lieu de résidence du peintre Monet. Mais un jour, le corps de Jérôme Morval, ophtalmologiste parisien demeurant là, est trouvé dans la rivière. L’enquête est menée dans le village ou presque fait penser aux tableaux du célèbre peintre impressionniste, par l’inspecteur Sérénac et son adjoint Sylvio Benavides, mais sans grand succès : ils soupçonnent le mari de l’institutrice, extrêmement jaloux, mais sans jamais réunir les preuves… Aux yeux du lecteur, seule la vieille dame semble connaître le fin mot de l’histoire… Lire la suite « Nymphéas noirs »→
LE RÉSEAU PAPILLON, tome 1 : AUX ARTS, CITOYENS !, par Franck Dumanche et Nicolas Otéro (Jungle, 2018)
Quelque part en Normandie pendant la seconde guerre mondiale, des enfants se mobilisent pour empêcher un convoi ferroviaire d’envoyer des œuvres d’art vers l’Allemagne. Ils se rapprochent d’un réseau de résistance, mais jeunes et fougueux, ils ne respectent pas toujours les plans du groupe de résistants, et agissent sans parfois réfléchir aux conséquences… Ils ignorent aussi que Goering, maréchal du IIIe reich, veut intercepter ce convoi pour détourner des œuvres initialement destinées à Hitler…
LE MUSÉE DES BOZARTS, tome 1 : IMPRESSIONNANTS IMPRESSIONNISTES, par Karinka (scénario), Bloz (dessin), et David Lunven (couleurs) (Bamboo, 2017)
Un petit groupe d’adolescents est en visite dans un musée des beaux-arts, mais ils n’y connaissent vraiment pas grand-chose. La visite guidée pourrait les aider, mais ce n’est pas ce qui les intéresse le plus…
LA VISION DE BACCHUS, par Jean Dytar (Delcourt, 2014, coll. Mirages)
En 1510, la peste est à Venise, les morts se comptent par dizaines. Parmi les malades, un peintre nommé Giorgione décide de jeter ses dernières forces dans son ultime oeuvre, à la recherche de l’émotion qui l’avait saisie lorsqu’il avait vu, chez son père, un tableau qui avait été à l’origine de sa vocation. D’ailleurs, ce tableau aurait été peint par Antonello de Messine… Retour en arrière, en 1475, toujours à Venise, Antonello arrive de sa Sicile natale, et devient le rival de Bellini, pour avoir les faveurs des riches mécènes vénitiens. Antonello met au point un procédé pour réussir rapidement des portraits, mais ses collègues jaloux de sa réussite cherchent à percer son secret. C’est alors qu’Antonello reçoit la commande d’un riche banquier, qui lui demande de figer sur le bois la jeunesse de sa femme… Mais cette commande ne va pas être simple, car Antonello, à la recherche de la perfection picturale, va tomber sous le charme de la jeune femme…
MUSNET, tome 1 : LA SOURIS DE MONET, par Kickliy (Dargaud, 2016)
Mus est une petite souris vagabonde qui erre, à la recherche de travail. Elle arrive par hasard dans une grande maison, et y rencontre une jeune souris prénommée Mya. C’est en fait le domaine de Giverny, dans lequel vit le peintre Monet. Mus devient l’apprenti et l’élève d’un écureuil râleur et peu sociable, Rémi. Ce dernier va lui apprendre son art, et Mus va découvrir par la même occasion le travail de Monet. Lire la suite « Musnet, tome 1 »→
REMBRANDT, par Olivier Deprez et Denis Deprez (Casterman, 2008)
Biographie dessinée du peintre hollandais Rembrandt Van Rijn, depuis son arrivée à Amsterdam jusqu’à son départ suite à sa ruine. Arrivé chez un mécène, il commence à se faire une réputation dans la ville de tous les possibles, et tombe amoureux de Saskia, la nièce de son mécène. Avec elle, il a plusieurs enfants qui décèdent jeunes, et un jour arrive Titus, son fils qui grandit et apprend le dessin avec lui. Mais Saskia meurt, et Rembrandt se rapproche de Geertje sa servante, puis d’une autre servante Hendrikje. Ses tableaux se vendent bien, mais son rapport avec ses commanditaires est compliqué lorsqu’il n’exécute pas le portrait demandé et ses déboires financiers vont finalement le mener à la ruine…
Après avoir lu la bio dessinée d’Egon Schiele, je continue avec un néerlandais du XVIIème siècle, plus connu. Je suis allée à Amsterdam l’été dernier, on s’est arrêtés devant la maison de Rembrandt sur Breestraat, on a visité le Rijksmuseum avec de nombreux tableaux de Rembrandt, dont plusieurs mentionnés dans l’album : « La ronde de nuit » et des « autoportraits », mais il n’y avait pas « la leçon d’anatomie du docteur Pulp »(qui se trouve à La Haye). J’ai reconnu ces tableaux sans problème, mais comme je ne connaissais pas la vie du peintre, j’ai été un peu perdue. En effet, il y a vraiment peu de dates dans l’album, et pas beaucoup plus d’explications (en off ou dans un éventuel dossier documentaire qui aurait été bien intéressant pourtant), même si l’histoire se déroule chronologiquement. Cela fait que j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. De plus, le dessin ne m’a pas beaucoup plu : tout est fait à la peinture, ce qui est louable, et même si les paysages aquarellés sont jolis, dans le style de Rembrandt, je n’ai pas apprécié les portraits. J’ai trouvé les traits de certains personnages particulièrement désagréables, parfois déséquilibrés, voire même quelquefois enfantins : cela n’embellissait pas du tout les personnages. Alors même si la couverture est jolie, certaines cases de l’album m’ont paru vraiment être du brouillon. Bref, je suis déçue par l’aspect graphique, et j’aurais aimé en savoir plus au niveau du scénario. J’aurais aimé que les informations sur Rembrandt soient plus claires, que sa peinture soit plus développée au détriment de sa vie privée. Mais sinon cet album constitue tout de même une bonne approche d’un peintre célèbre, avec cette histoire « présentée comme une libre adaptation de la vie de Rembrandt », pour peu qu’on connaisse déjà avant le peintre. C’est un album à essayer pour les lecteurs férus d’art, les autres (dont je fais partie) risqueraient de se sentir facilement perdus.
Visiter le site du Rijkmuseum (en anglais, ou en néerlandais, à vous de voir !), avec une exposition jusqu’au 17 mai 2015 sur le peintre, regroupant des œuvres du monde entier :
Et pour finir, une fois n’est pas coutume, quelques photos personnelles du Rijkmuseum (un musée à visiter !), avec la salle consacrée à Rembrandt bondée en ce jour d’août 2014 (désolée de la qualité moyenne) :
EGON SCHIELE : VIVRE ET MOURIR, par Xavier Coste (Casterman, 2012)
Biographie d’Egon Schiele, un peintre autrichien du début du 20ème siècle contemporain de Gustav Klimt. A l’aube de la première guerre mondiale, Egon Schiele est un rebelle qui se jette à corps perdu dans la peinture, encouragé par son maître. Avide de liberté, il veut peindre uniquement ce qu’il préfère, c’est-à-dire souvent des corps dénudés. Or, le scandale n’est pas loin : accusé de pornographie, les galeries ne veulent pas l’exposer, et l’artiste ne gagne pas sa vie. Mis de côté, Egon Schiele, un brin provocateur, croit pourtant en son art et persiste, alors qu’autour de lui, le monde change…
Voici un one-shot choisi un peu au hasard à la bibliothèque, sur un peintre que je ne connaissais pas, mort en 1918 de la grippe espagnole à l’âge de 28 ans, quelques jours avant la signature de l’armistice. J’ai donc découvert la vie de ce peintre à travers sa biographie dessinée, et je dois dire que j’ai été impressionnée par cette vie riche, originale et trépidante, mais si courte. Le dessin de Xavier Coste est un peu déroutant au départ, plus par les couleurs (un peu délavées) que véritablement le trait, particulier mais agréable. Les bulles ne sont pas rondes, mais toujours avec des traits droits : cela donne un côté brut aux planches. Je ne connaissais pas le trait de Xavier Coste, mais j’aime bien, en tout cas cela colle bien à l’esprit de l’album. L’histoire se lit facilement, de façon chronologique. Il est facile de distinguer les personnages, assez peu nombreux. Sur la fin, il y a beaucoup de tristesse avec les morts qui se succèdent à cause de l’épidémie de grippe espagnole : d’abord celle de Gustav Klimt, puis la perte de sa femme enceinte et la propre mort de Schiele quelques jours plus tard. Ce portrait d’un homme torturé, qui va au bout des choses, à contre-courant de la pensée de l’époque, et ne vivant que pour son art malgré les conventions, est intéressant et permet de faire sortir de l’ombre un peintre souvent méconnu du grand public. A noter enfin la présence d’un dossier documentaire en fin d’album, avec des portraits dessinés des personnages présents dans l’album, avec aussi des infos complémentaires sur le personnage et une courte bibliographie. On sent de l’admiration dans le récit de Xavier Coste, et je dois dire qu’il est parvenu à m’intéresser à la vie de ce peintre maudit !
MODERNE OLYMPIA, par Catherine Meurisse (Futuropolis / Musée d’Orsay, 2014)
Olympia fait partie des « refusés » ; modèle et actrice, elle tourne dans des toiles connues, comme « l’origine du monde ». Mais ce qu’elle aimerait jouer comme rôle, c’est celui de Juliette, que Vénus occupe pour l’instant. Vénus, c’est une « officielle », la star absolue, celle qui est demandée pour toutes les toiles… alors qu’Olympia ne fait que dans la figuration et dans la doublure. Alors quand elle tombe amoureuse de Romain, un officiel convoité par Vénus, c’est le début de la guerre ouverte entre les deux femmes…
Voici un album complètement déjanté, qui place comme héroïne Olympia, figure d’un tableau éponyme de Manet, et utilise également près d’une cinquantaine d’œuvres du musée d’Orsay. Comme cela existe déjà pour le musée du Louvre, il s’agit là d’une publication conjointe entre Futuropolis et le musée d’Orsay. Dans cet album, il règne une ambiance de folie douce, qui parvient à combiner du Van Gogh, du Manet, du Courbet, du Bouguereau, du Gérôme… dans un scénario qui tient la route, si on accepte bien sûr de rentrer dans cet univers complètement loufoque et fantastique, qui joue aussi sur les mots, entre « toile de maître » et « toile de cinéma » par exemple, et qui cite du Shakespeare ! Je n’aime pas trop le trait de Catherine Meurisse, trop caricatural à mon goût, mais on reconnaît tout de même bien les œuvres qui sont souvent de grands classiques, je suis contente car j’ai réussi à dépasser mon appréhension première à ce propos. Et si bien même on ne reconnaîtrait pas les tableaux (parfois réinterprétés ou recadrés), on a la liste des principaux représentés (avec l’oeuvre « en vrai ») sur une double page, ainsi que la liste complète des œuvres et leurs auteurs sur la double page suivante. Très pratique, d’autant plus que les numéros de pages sont ajoutées aux œuvres. Dernière bonne surprise enfin, un QR code renvoie à une page dédiée sur le site du musée d’Orsay qui permet d’accéder à l’intégralité des œuvres de l’album. C’est vraiment très instructif, j’ai adoré cette promenade dans le monde de l’art du XIXème siècle ! J’ai aimé essayer retrouver les tableaux, dans les dessins de Catherine Meurisse qui réinterprète les œuvres originales pour son histoire. Il y a une foule de clins d’œil, de références historiques sur les impressionnistes, d’anachronismes dans cet album, tellement que je ne pense pas les avoir tous trouvés, mais c’est tout de même un moment bien réjouissant passé en compagnie de l’héroïne de Manet et des autres personnages. Bon, à partir d’un moment, le scénario part en vrille, avec des retournements de situation vraiment incongrus, mais dans la folie ambiante de l’histoire, cela ne m’a pas dérangé (ce qui n’a pas été le cas de mon chéri qui l’a lu aussi, et qui n’a pas du tout aimé certains passages qui n’avaient ni queue ni tête selon lui). Vous l’aurez compris, cet album est particulier, un peu spécial, et l’adhésion du lecteur n’est donc pas si simple que ça… Perso, j’ai bien aimé, alors qu’au départ j’accrochais moyennement, mon chéri a beaucoup aimé le début et beaucoup moins la fin, alors je vous laisse vous faire votre propre avis…
Non mentionné sur l@BD, je dirais à partir de 13 ans.
MUCHACHO, tome 1, par Emmanuel Lepage (Dargaud, 2004, coll. Aire libre)
Novembre 1976, au Nicaragua. Accompagné de Joaquin, Gabriel de la Serna, un jeune séminariste, se rend à San Juan auprès du père Ruben. Le jeune homme est doté d’un sacré talent de peintre et dessinateur, et a pour mission de décorer un mur de l’église, mais ses dessins manquent de vie pour Ruben. Il lui conseille alors de dessiner les gens de San Juan tels qu’ils sont, et Gabriel se décide donc à observer les habitants de ce village. Il va alors découvrir qui ils sont vraiment, mais aussi la répression militaire exercée contre les habitants… Il faut dire que Gabriel a un statut particulier, car il est le fils d’une famille dirigeante de la dictature et donc n’est donc pas accepté d’un claquement de doigts par les locaux : il va lui falloir faire preuve de beaucoup de patience pour que les villageois ne le mettent pas de côté, et ne voient plus en lui le fils de son père mais un jeune homme plein de sensibilité et de compréhension… En tout cas, cette vraie vie loin de la capitale va être une véritable gifle pour le jeune homme qui découvre la vraie vie…
Il s’agit là de la première partie d’un diptyque sur un jeune religieux qui n’a pas encore prononcé ses vœux, et qui se rend dans une commune isolée du Nicaragua pour y remplir sa mission de peintre. Citadin et fils d’une famille dirigeante, ce séjour en campagne chez des gens « normaux » lui permet de se rendre compte de ce qu’est le pays en réalité : la répression militaire contre les opposants est féroce et la vie en communauté n’est pas si simple non plus. Il n’est pas très bavard, très intérieur, et n’est pas forcément attachant, mais c’est intéressant de découvrir le pays à travers ses yeux. En effet, je ne connais pas du tout le Nicaragua ni son histoire, alors il m’a sûrement manqué des clés de lecture et de compréhension pour mieux saisir cet album très riche. Par contre, j’ai trouvé l’album très travaillé, avec des couleurs tout en nuance, des traits très détaillés. Les décors ne sont pas simplifiés, chaque case est un bonheur à regarder, et les couleurs chaudes utilisées nous plongent vraiment dans ce pays où le régime répressif est fort. La couverture est déjà simplement magnifique, même si elle ne présente que le personnage central de cette histoire, mais elle démontre simplement le grand talent du dessinateur. L’histoire est quant à elle complexe, comportant des non-dits que je n’ai pas compris du premier coup (il y a pas mal d’allusions qui ne sont pas expliquées tout de suite, comme par exemple les confiscations des briquets), mais cela démontre la richesse et la complexité du scénario. J’ai fait pas mal d’allers-retours dans l’album pour pouvoir suivre le fil de l’histoire, mais je n’ai pas trouvé ça désagréable, c’est juste qu’il faut être suffisamment concentré pour suivre cette histoire. A voir comment le tome 2 va évoluer, mais je ne doute pas qu’il soit aussi bien que le premier !