BD engagée, BD historique

Culottées tome 1

CULOTTEES tome 1 : des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent, par Pénélope Bagieu  (Gallimard, 2016)

culotteesAlbum de courtes biographies de femmes aux destins hors du commun. On retrouve toutes les époques, tous les continents et toutes sortes de destins : impératrice en Chine, travailleuse sociale africaine prix Nobel de la paix 2011, femme à barbe au XIXe siècle, reine africaine au XVIIe siècle, gynécologue grecque antique, guerrière chamane au XIXe,  nageuse australienne au XXe siècle, gardienne de phare américaine, créatrice finlandaise de trolls après la guerre … Les histoires racontent le plus souvent la vie complète de la femme, ou parfois juste un événement particulier, mais à chaque fois, cela montre des femmes qui font voler en éclats les préjugés sur leur sexe, à une époque où elles étaient considérées inférieures, incapables ou encore soumises aux hommes… Lire la suite « Culottées tome 1 »

BD fantastique, BD sentimentale

L’île aux femmes

L’ÎLE AUX FEMMES, par Zanzim (Glénat, 2015)

1915, Céleste, un aviateur adulé par les femmes, se voit confier une mission avec son avion, mais il échoue et se retrouve comme Robinson Crusoé sur son île, échoué au milieu de nulle part et sans aucun moyen de contacter le monde extérieur. Alors il va survivre, en bâtissant sa cabane, en pêchant de façon rudimentaire, en lisant aussi les lettres du courrier qu’il était chargé de ramener du front vers les épouses des soldats à l’arrière. Désespéré au point de lancer une bouteille à la mer, et frappé parfois de bouffées délirantes, il se rêve des femmes qui lui manquent. Un jour par hasard, en chassant, il tombe dans un trou et atterrit près d’une cascade où se baignent plusieurs femmes. Intrus, il est immédiatement capturé et emmené au village sans être ménagé. Après un débat âpre entre toutes les membres du groupe, il est conduit en prison où il rencontre un autre homme qui lui apprend la situation : ils sont sur une île où les femmes dominent, et les hommes ne sont là que pour être des reproducteurs… Ce qui paraît être un rêve pour Céleste le Don Juan va s’avérer être un cauchemar, surtout qu’il va s’approprier les poèmes dans les courriers des soldats et s’enfoncer dans le mensonge…

Voici un album fantastique très bien construit. Autant le dire tout de suite, j’ai beaucoup aimé. Tout d’abord le trait est à la fois simple et travaillé (déjà repéré dans Ma vie posthume tome 1 et tome 2), avec de nombreux portraits et formes féminines. On sent que le dessinateur a pris plaisir à dessiner les courbes des nombreuses (jeunes) femmes en petites tenues. Je ne sais pas si on peut dire que cet album est féministe, mais c’est en tout cas un pari réussi mêlant poésie et humour parfois grinçant. Le scénario, avec cette inversion des rôles, est vraiment original : la situation de Céleste pourrait être un rêve pour de nombreux hommes, mais on en vient presque à plaindre ce pauvre homme pour ce qu’il va subir… Obligé de mentir pour pouvoir prendre la place de l’homme reproducteur de l’île pour toutes ces amazones, il trouve son inspiration parmi les courriers qu’il devait convoyer avec son avion, et ces situations cocasses ponctuent l’histoire. Dans cet album au dessin particulier pas toujours ultra-réaliste (mais ce côté parfois désuet et plein de charme passe très bien), un certain nombre de dialogues sont remplacés par des onomatopées, et cela permet de lire différemment l’histoire. Bref, un album très sympa, à la fin très originale, vraiment inattendue, avec les parallèles des personnages. On se fait bien mener en bateau, et j’ai aimé cela ! C’est un album à lire, si ce n’est pas déjà fait !

Non mentionné sur l@BD, je dirais à partir de 15 ans.

On en parle sur les blogs : D’une berge à l’autre, Oncle Fumetti, Le blog de Krol, La ronde des post-it, Temps de livres, Mille et une frasques

Premières planches à lire sur Izneo.

BD polar

Rosko, tome 1 : Per Svenson doit mourir aujourd’hui

ROSKO, tome 1 : PER SVENSION DOIT MOURIR AUJOURD’HUI, par Zidrou (scénario) et Alexei Kispredilov (dessin) (Delcourt, 2014)

Dans un futur proche où les médias dominent la société, Rosko Timber est un policier jeune retraité, qui travaillait pour l’agence privée P.Pol. Six ans auparavant, il était parvenu à mettre la main sur un dangereux tueur en série complètement fou, Per Svenson, recherché activement. En prison, ce dernier est condamné à mort, mais ce sont les téléspectateurs qui doivent choisir comment va se terminer la vie du serial killer : mort par combustion ou douche d’acide ? Les pronostics vont bon train… L’exécution doit même être diffusée en direct, et les producteurs font tout pour augmenter leur audience… Tout se passe comme leur plan l’avait prévu, jusqu’au moment où, en direct à la télévision, Per Svenson prend en otage des surveillants de sa prison et s’échappe, quelques minutes avant l’heure prévue de son exécution… Rosko est rappelé en renfort, pour sauver la situation, mais cela fait partie du plan…

Je continue ma découverte du scénariste Zidrou, auteur multi-facettes s’il en est, avec cet album bien noir et magistralement mené. L’histoire est réellement haletante, et parvient à faire monter le suspense. Il n’y a pas de temps mort dans cette histoire qui commence par l’arrestation du tueur lors de ses derniers assassinats. Les auteurs montrent ensuite les dérives liées à l’ultramédiatisation et au libéralisme à outrance, avec la société de production qui détient un sacré large pouvoir sur le peuple : la police est privée et donc ne protège que ceux qui ont leur cotisation à jour, elle cherche les scoops et autres scandales juste pour satisfaire ses objectifs d’audience et croit pouvoir maîtriser la situation, jusqu’au moment où celle-ci lui échappe réellement et où tout dérape… Cet album est donc très riche et dense : le rythme est maintenu au long des 96 pages, entre les médias omniprésents, la recherche du tueur et la vie de famille du policier Rosko qui apaise l’aspect trépidant de la quête de Svenson. Concernant le dessin, c’est là que je suis un peu plus nuancée, car le trait du jeune Alexei Kispredilov est assez particulier. On n’entre pas si facilement dans son trait : des portraits sont parfois seulement esquissés, et j’ai eu quelquefois l’impression que certaines cases n’étaient pas terminées, un peu comme pour les couleurs, un peu trop unies à mon goût. Par contre, le découpage est intéressant : il est changeant, donc particulièrement dynamique. Nerveux, il convient tout à fait à ce genre de récit noir, même si je n’en suis pas super fan. On s’y fait sans problème au bout de quelques planches, mais je n’ai pas un coup de cœur pour ce type de dessin. Un seul vrai regret sur cet album : c’est dommage qu’il ne s’agisse que du tome 1, car on n’a qu’une envie une fois parvenu à la fin, c’est savoir la suite, et elle n’est pas encore sortie !

A partir de 13 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Samba BD, Chroniques de l’invisible, La bibliothèque de Noukette, Un amour de BD, A voir à lire, Sin City

Premières planches à voir sur Izneo.

Biographie du dessinateur à voir sur le site de la Cibdi d’Angoulême, où il a été auteur résident.

BD fait de société, BD historique

Muchacho, tome 1

MUCHACHO, tome 1, par Emmanuel Lepage (Dargaud, 2004, coll. Aire libre)

Novembre 1976, au Nicaragua. Accompagné de Joaquin, Gabriel de la Serna, un jeune séminariste, se rend à San Juan auprès du père Ruben. Le jeune homme est doté d’un sacré talent de peintre et dessinateur, et a pour mission de décorer un mur de l’église, mais ses dessins manquent de vie pour Ruben. Il lui conseille alors de dessiner les gens de San Juan tels qu’ils sont, et Gabriel se décide donc à observer les habitants de ce village. Il va alors découvrir qui ils sont vraiment, mais aussi la répression militaire exercée contre les habitants… Il faut dire que Gabriel a un statut particulier, car il est le fils d’une famille dirigeante de la dictature et donc n’est donc pas accepté d’un claquement de doigts par les locaux : il va lui falloir faire preuve de beaucoup de patience pour que les villageois ne le mettent pas de côté, et ne voient plus en lui le fils de son père mais un jeune homme plein de sensibilité et de compréhension… En tout cas, cette vraie vie loin de la capitale va être une véritable gifle pour le jeune homme qui découvre la vraie vie…

Il s’agit là de la première partie d’un diptyque sur un jeune religieux qui n’a pas encore prononcé ses vœux, et qui se rend dans une commune isolée du Nicaragua pour y remplir sa mission de peintre. Citadin et fils d’une famille dirigeante, ce séjour en campagne chez des gens « normaux » lui permet de se rendre compte de ce qu’est le pays en réalité : la répression militaire contre les opposants est féroce et la vie en communauté n’est pas si simple non plus. Il n’est pas très bavard, très intérieur, et n’est pas forcément attachant, mais c’est intéressant de découvrir le pays à travers ses yeux. En effet, je ne connais pas du tout le Nicaragua ni son histoire, alors il m’a sûrement manqué des clés de lecture et de compréhension pour mieux saisir cet album très riche. Par contre, j’ai trouvé l’album très travaillé, avec des couleurs tout en nuance, des traits très détaillés. Les décors ne sont pas simplifiés, chaque case est un bonheur à regarder, et les couleurs chaudes utilisées nous plongent vraiment dans ce pays où le régime répressif est fort. La couverture est déjà simplement magnifique, même si elle ne présente que le personnage central de cette histoire, mais elle démontre simplement le grand talent du dessinateur. L’histoire est quant à elle complexe, comportant des non-dits que je n’ai pas compris du premier coup (il y a pas mal d’allusions qui ne sont pas expliquées tout de suite, comme par exemple les confiscations des briquets), mais cela démontre la richesse et la complexité du scénario. J’ai fait pas mal d’allers-retours dans l’album pour pouvoir suivre le fil de l’histoire, mais je n’ai pas trouvé ça désagréable, c’est juste qu’il faut être suffisamment concentré pour suivre cette histoire. A voir comment le tome 2 va évoluer, mais je ne doute pas qu’il soit aussi bien que le premier !

A partir de 15 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Pause Kikine, Coeur de libraire, Depuis le cadre de ma fenêtre, Bdouille

Premières pages à lire sur Izneo.

Cet album fait partie du challenge « Les ignorants » de Kikine.

BD fait de société, BD sentimentale

Une histoire d’hommes

UNE HISTOIRE D’HOMMES, par Zep (Rue de Sèvres, 2013)

Dans les années 1990, quatre amis formaient un groupe de rock, les Trincky Fingers, qui fonctionnait pas si mal que cela. A la suite d’une audition en Angleterre qui dégénère, le groupe est dissous et chacun repart vivre sa vie de son côté. Tous reprennent une vie plus ou moins pépère en France, sauf Sandro, le leader charismatique du groupe, qui se fait un nom outre-Manche et devient un chanteur reconnu avec plusieurs albums à son actif. Les quatre ex-amis se retrouvent après 18 ans, en Angleterre, dans la grande maison de Sandro et Annie, ex d’Yvan, guitariste et compositeur du groupe. Cela va être l’heure des souvenirs de jeunesse, entre rock’n roll, drogues, concerts, amours d’un soir… et aussi l’occasion de comprendre ce qui s’est passé depuis tout ce temps. Le week-end en Angleterre va s’avérer plus difficile que prévu, et sera aussi l’occasion pour Yvan de réfléchir sur sa vie actuelle…

Voici un album glissé sous le sapin il y a quelques jours, et déjà lu. Je n’ai pas réussi à le lâcher avant la fin, tellement j’ai été happée par l’histoire. J’ai beaucoup aimé cette première histoire de Zep pour les adultes. Le trait est reconnaissable entre mille, et le dessin est très agréable, juste et réaliste. Il y a assez peu de décor, le dessin est concentré sur les personnages. L’utilisation de la couleur est particulière, chaque case n’en ayant qu’une seule, qui change au fil des planches. Cette monochromie confère une sacrée ambiance à l’album, et permet aussi de distinguer facilement les flashbacks, assez nombreux dans cette histoire. J’ai été touchée par cette histoire d’amitié, où les non-dits sont toujours d’actualité, même 18 ans après. On sent qu’Yvan est plein de reproches envers Sandro, et en même temps, il y a de quoi le comprendre : sa copine l’a lâché pour Sandro et depuis, il ne compose plus et n’a même jamais retouché à une guitare. Bref, une vie assez triste pour lui. Malgré quelques stéréotypes parfois, j’ai trouvé le récit très touchant, et j’ai beaucoup aimé les références à des personnalités existantes, car cela rend le récit d’autant plus réaliste et crédible. Certaines répliques sont aussi particulièrement savoureuses ! Enfin, sur les quelques cases où on voit le groupe, on s’imagine presque la musique qu’ils jouent, l’ambiance dans la salle. Bref, j’ai été emportée par cette histoire !

A partir de 15 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Blog Brother, Hop-blog, La bibliothèque de Noukette, le blog de Yv, Bulles et onomatopées

Voir le site consacré à l’album, avec des extraits, des vidéos, une revue de presse…

Interview de Zep consacrée à cet album à lire sur le site de France 3 Pays de la Loire.

BD humour

Chez Francisque, tome 3 : une année vue du zinc

CHEZ FRANCISQUE, tome 3 : UNE ANNEE VUE DU ZINC, par Yan Lindingre et Manu Larcenet (Dargaud, 2009)

https://i0.wp.com/media.leslibraires.fr/media/attachments/large/4/9/9/000627499.jpgRegard ironique, imbibé d’alcool et le plus souvent politiquement incorrect sur l’année 2008 par des hommes plus habitués à être des piliers de comptoirs qu’à lire le journal Le Monde. Leur regard porte sur les différents évènements qui ont émaillé 2008, depuis le mariage du président de la République, des procès retentissants, l’élection américaine, les jeux olympiques d’été à Pékin, la crise économique, les évènements politiques nationaux et internationaux … Parfois c’est très cru, souvent c’est très drôle.

A chaque dessin, le contexte est rappelé en une phrase, pour qu’on relie le fait d’actualité au dessin. Les évènements de 2008 ne sont pas si lointains que cela, et pourtant, parfois, certains ont été largement oubliés depuis. L’actualité ne s’arrêtant jamais, chaque évènement est remplacé par un autre, et finalement passe inaperçu… Cet album est assez daté, dans le sens où il se peut se lire encore quelques années après 2008, mais il vieillira je pense très mal… Il n’empêche que pour les quelques évènements majeurs qui ont marqué l’année, cet album mérite largement le coup d’oeil ! Il y a quelques répliques particulièrement savoureuses, qui restent encore d’actualité. Quelques exemples :

* L’Etat ne veut plus financer la carte « famille nombreuse » de la SNCF : Deux hommes sont accoudés au bar, l’un avec ses enfants. Le père : – S’ils font ça… L’autre : – Tu prends plus le train ? Le père : – Nan, je flingue les gosses.

* Roselyne Bachelot envisage l’arrêt de la prise en charge des lunettes par la Sécurité Sociale. Un vieil homme au zinc : – C’est pour not’ bien ! A’ veut pus qu’on voye la misère.

* 6 décembre : Saint Nicolas apporte ses cadeaux aux petits Lorrains : L’un : –Surtout les petits Lorrains de Gandrange. Eux ça fait un an qu’ils l’attendent, leur cadeau… L’autre : – A mon avis, ils ont eu affaire à un faux Saint Nicolas.

A partir de 15 ans selon le site BD du CNDP.

On en parle sur la toile : Krinein, Un monde de bulles, Hop-blog.

Aller voir du côté des sites perso de Yan Lindingre et Manu Larcenet.

BD fantastique

Dieu en personne

DIEU EN PERSONNE, par Marc-Antoine Mathieu (Delcourt, 2009)

http://radiokilledthevideostar.files.wordpress.com/2009/09/dieu_en_personne_couv.jpgUn homme qui se fait appeler Dieu apparaît lors du recensement. Il est incroyablement doué, et va se révéler être l’incarnation de Dieu sur Terre. Une fois que l’information de sa présence est répandue, Dieu va devoir rendre des comptes. Un procès se met alors en place, avec une multitude d’avocats, et pléthore de plaignants et de témoins pour chacune des parties… Le personnage de Dieu est aussi utilisé à des fins commerciales : la publicité, le marketing et les représentations télévisuelles autour de lui sont importants et nombreux.

Le plus souvent dans ce récit de 128 pages, Dieu ne parle pas, mais l’histoire est construite à partir des témoignages de ceux qui l’ont plus ou moins longtemps côtoyé : scientifiques, sociologues, avocat, attachée de presse…

Le dessin de ce surprenant album est en trois teintes : noir, blanc et gris. L’auteur utilise tous les plans et moyens possibles pour ne jamais représenter le visage de Dieu, et ce stratagème permet aussi au personnage d’endosser le rôle de miroir universel de notre société.

Le contenu est parfois un peu ardu à suivre, il faut être bien concentré dans sa lecture (ce que je n’ai pas toujours été, je pense). Le texte est assez dense, en quantité, par rapport au dessin, mais il n’est pas non plus un obstacle à la lecture. Une relecture de l’album m’aiderait à comprendre certains passages, car je crois que je n’ai pas tout compris…

Dieu en personne a reçu le grand prix 2010 de la critique BD, décerné par l’ACBD (association des critiques et journalistes de bande dessinée)

Voir les 8 premières planches de l’album sur le site BDgest. A partir de 15 ans selon le site l@BD.

Ci-dessous la rencontre filmée avec le dessinateur lors du festival d’Angoulême 2010 :

Animation Flash
A noter enfin que le dessinateur sera en résidence à partir de la rentrée prochaine à l’université de Tours (Indre-et-Loire), autour du thème des « détournements ». Plus d’infos sur le site de l’université.
Manga

Un monde formidable

UN MONDE FORMIDABLE, tome 1 : What a wonderful world !, par Inio Asano (Kana, 2006, coll. Made In)

https://i0.wp.com/www.krinein.com/img_oc/big/5554.jpgVoici un titre bien ambigu…

Par une suite de petites histoires qui parfois se raccrochent entre elles (grâce à des personnages communs), l’auteur veut montrer que la vie au Japon est loin d’être rose pour tous. L’individualisme reste fortement marqué. Entre les étudiants désœuvrés, en mal-être, ne trouvant pas de but à leur vie une fois les études arrêtées (plus ou moins volontairement), et les lycéens avec envie de suicide, les différentes histoires ne sont pas réjouissantes, mais cependant, toutes finissent sur une touche d’espoir. En effet, on trouve souvent quelque chose (ou quelqu’un) ) qui se raccrocher, et finalement ne pas sombrer, pour mieux rebondir (?).

C’est donc une critique sociétale assez forte qui est le fond de cet album, même si elle ne ressort pas assez à mon goût. Les jeunes ne semblent pas être aidés, ni par le système scolaire, ni par les adultes…

Le dessin est toujours aussi clair, avec assez peu de décors, des personnages détaillés, mais pas trop. Ils ressemblent souvent à ceux de Solanin (mon coup de coeur de cet auteur), avec d’ailleurs quelques allusions à ce manga (les musiciens par exemple), mais j’ai eu plus de mal à suivre cet album, car je pensais vraiment au départ qu’il s’agissait d’une seule et même histoire. Cela m’a désorientée, mais finalement en y mettant un peu du mien, j’ai réussi à entrer dans cette histoire. Je crois qu’une seconde lecture ne serait pas de refus pour mieux comprendre les personnages…

A partir de 15 ans d’après le site L@BD du CNDP pour le 2nd tome de cette histoire (le 1er tome n’est pas chroniqué, mais cela ne doit pas être différent)

BD humour

Bienvenue à Boboland

BIENVENUE A BOBOLAND : Le comportement humain en milieu urbain, par Dupuy et Berbérian (Fluide Glacial, 2008)

Une succession de chroniques acides sur les bobos, les bourgeois bohèmes qui vivent en ville, mangent bio, achètent des appartements tout petits à des prix prohibitifs, fréquentent des boutiques hypes, ne voient pas la pauvreté dans notre société… Les personnages ne sont pas toujous les mêmes, mais se retrouvent d’un épisode sur l’autre, cela permet de créer un lien dans le récit.

Dupuy et Berbérian signent cette « étude » ethnologique, quelque peu cruelle, où est dépeinte de façon exagérée (je pense) une certaine frange de la population parisienne. Leur dessin est assez inégal, parfois rond, parfois plus hésitant. Les couleurs sont vives, agréables à regarder… Un bon moment de lecture, où on sourit tellement les situations sont hors du commun (pour les gens ‘normaux’ que nous sommes) mais un moment pas non plus vraiment inoubliable. Certaines situations sont bien inspirées de la réalité, quand on se rend compte que des noms de personnages sont détournés de vrais noms (comme par exemple un philosophe français), ou encore lorsque des dessins ressemblent étrangement à des personnalités connues (comme la première dame de France). A prolonger avec la lecture de Global Boboland, suite de ce présent volume, et qui est sorti il y a moins d’un mois en librairie.

Cette satire de la société, abordée avec humour, est conseillée à partir de 13 ans par le site BD du CNDP.

Manga

Je ne suis pas mort

JE NE SUIS PAS MORT, par Hiroshi Motomiya (Delcourt, 2009, coll. Gingko)

C’est l’histoire de Kenzô Okada, soixante ans, licencié depuis peu et de surcroît à la veille de sa retraite. Une fois rentré chez lui de retour de l’agence pour l’emploi, il découvre que sa femme vient de le quitter, en vidant totalement son domicile, ainsi que son compte bancaire. Ni ses enfants, ni son épouse ne répondent au téléphone.
Abattu, il choisit de se pendre à un arbre, mais le destin l’empêche d’accomplir son vœu. Considérant cela comme une seconde chance, il choisit de finir sa vie dans la nature, et va se créer une nouvelle vie loin des hommes, jusqu’à ce qu’une femme, elle aussi suicidaire, décide de le rejoindre dans ce mode de vie atypique…

Le sujet de ce one-shot de 200 pages peut paraître déprimant, peu encourageant… Pourtant, on suit facilement l’histoire de cet homme mis de côté par les siens, mais qui ne va finalement pas se résigner, en choisissant de vivre en pleine nature, quitte à passer pour fou lors de ses rares sorties en ville.  Bon, il faut dire aussi que parfois l’histoire est quelque peu rapide, l’auteur passe rapidement à certains moments (par exemple lorsque la femme décide de le rejoindre), et là ça paraît assez « tiré par les cheveux », mais sinon, ça se lit bien, et ce manga qui traite de la solitude peut être une bonne approche sur la société actuelle, qui met sur le carreau les sans emplois ou les personnes âgées… L’auteur cherche aussi à montrer que la société de consommation n’apporte pas le bonheur, et qu’il faut être en accord avec sa personnalité et la nature. Pour conclure, une bonne lecture, encore une fois !!

Conseillé à partir de 13 ans, par le site BD du CNDP.