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Le piano oriental

LE PIANO ORIENTAL, par Zeïna Abirached (Casterman, 2015)

piano

Souvenirs de l’autrice franco-libanaise, qui nous raconte comment son arrière-grand-père Abdallah a inventé, après maints réflexions et essais, un piano pour pouvoir jouer les musiques orientales, dont la particularité est qu’il existe des quarts de ton (alors qu’un piano n’a que des demi-tons, les touches noires). C’est aussi le piano qui a été source de la rencontre de son grand-père et de sa grand-mère. Elle nous parle aussi de son rapport à la langue arabe, de sa famille et de sa double culture, entre la France et le Liban qu’elle a quitté, elle aussi, avec une seule valise…

Je ne m’y connais pas en musique, je n’ai pas l’oreille, mais à la maison, j’ai des musiciens (avec entre autres un piano, un alto, des guitares…), alors ce sujet me parle quand même un peu ! Je ne pensais pas que le piano n’était pas conçu pour des musiques orientales, alors j’ai apprécié de découvrir cette histoire originale. Cette histoire du quart de ton m’a fait penser à Ibrahim Maalouf, le trompettiste franco-libanais dont le père a lui aussi adapté son instrument pour le quart de ton, ce qui fait une trompette unique à quatre touches et un son si particulier… (à écouter ici si cela vous intéresse), mais je ne pensais pas que c’était aussi le cas avec le piano. Bref, le sujet est intéressant, même si ce n’est pas le sujet de la première moitié de l’album qui présente les membres de la famille et leur parcours entre France et Liban. Au départ, je ne comprenais pas franchement le sens du propos et le lien avec le titre, si ce n’est le personnage principal, Abdallah, qu’on voit sur la couverture avec son tarbouche (couvre-chef rouge en forme de cône tronqué). Il y a d’autres mots en arabe, qui sont expliqués pour ceux qui ne connaitraient pas, j’ai apprécié car cela donne l’impression que l’autrice a à cœur de nous partager avec précision sa culture, sans la simplifier ou sans nous l’adapter. Elle s’arrête parfois sur des détails, comme par exemple les onomatopées. Elle nous parle aussi des réactions qu’elle a entendues lorsqu’elle a été naturalisée française. Bref, c’est assez vaste, et son scénario passe quelquefois du coq à l’âne, passant d’Abdallah et son piano à Zeïna et sa double culture…

Graphiquement c’est assez particulier : au premier abord, cela ressemble un peu à du Marjane Satrapi (autrice iranienne de Persepolis), peut-être simplement par ce que c’est du noir et blanc et qu’il n’y a pas de perspective dans le dessin. C’est parfois assez plat, mais le trait simple et les particularités capillaires font qu’on ne peut confondre les personnages. Au niveau du découpage, l’autrice rivalise d’ingéniosité pour des cases toujours différentes, des textes éparpillés dans les cases ou les pleines planches pour nous amener à lire différemment, à explorer l’image. Il y a parfois une espèce de fil conducteur dans la lecture, et j’ai aimé ce procédé véritablement original, même s’il peut arriver de se sentir perdu…

J’ai lu la version poche de ce roman graphique initialement paru en 2015, et j’ai apprécié ce petit format : les cases et les textes ne sont pas trop petits (j’avais un peu peur au départ), et le format souple fait qu’on peut transporter facilement cet album un peu partout… Une jolie découverte !

A partir de 13 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Little pretty books, Les lectures de Stémilou, Bar à BD

Premières planches à voir sur Izneo.

Cet album est présenté aujourd’hui 21 juin, dans le cadre de logo bd musique, qui propose uniquement des albums autour de la musique, tous regroupés chez Noukette.

8 réflexions au sujet de “Le piano oriental”

  1. Je n’aime pas ce type de dessin mais j’arrive facilement à l’occulter lorsque l’histoire m’intéresse. Et puisque que ça permet d’aller à la rencontre d’une autre culture, ça peut me plaire.

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  2. Une des rares BD que j’ai abandonnées en cours de route ces dernières années. Trop décousue, j’ai perdu le fil et n’ai pas voulu faire l’effort de m’y remettre…

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