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Jours de sable

JOURS DE SABLE, par Aimée de Jongh (Dargaud, 2021)

jours

Pendant la grande dépression, aux Etats-Unis, John Clark, la vingtaine, a grandi à New-York et postule à un emploi de photographe pour une agence gouvernementale qui le charge de prendre des photos des paysages, des familles, des maisons et de l’agriculture dans une région perdue et loin de tout, le Dustbowl (« bassin de poussière »), plus précisément dans l’Oklahoma. Le voici qui quitte Washington et l’administration centrale pour remplir sa mission. Au départ, il commence à prendre des paysages, puis se met à rencontrer les habitants… Le contact est compliqué, puis au fil du temps, les locaux s’habituent à cet étranger… John se fait à cette vie si particulière, loin de tout sur ce territoire aride. Il se met à apprécier ces habitants, mais découvre aussi la terrible maladie qui les frappe…

J’ai repéré cet album sur plusieurs blogs, et je l’ai emprunté dès que j’ai pu, en bibliothèque. Déjà avant la lecture, on peut remarquer un bel objet, avec une couverture épaisse et des rabats amovibles. Les pages sont épaisses et douces, l’impression soignée. Vraiment c’est très agréable à manipuler.

Au niveau du scénario, difficile de lâcher l’album avant la fin, car j’ai été happée très rapidement par cette histoire qui commence par la fin, en 1937 avec John Clarke qui comble une tombe. Puis retour en arrière avec l’embauche à Washington, le voyage vers l’ouest et l’arrivée dans le Panhandle (le manche de la poêle, forme de l’état de l’Oklahoma) pour accomplir la mission pour laquelle John Clarke a été embauché.

Graphiquement aussi, c’est très beau, avec une autrice qui parvient à nous immerger dans cet espace désertique, et à matérialiser les tempêtes de sable. On entendrait presque le bruit des bourrasques qui amenaient ce fléau qui pouvait durer plusieurs jours… Les personnages sont très bien dessinés, avec délicatesse. On sent chez les habitants de l’Oklahoma la dureté du climat, les épreuves qu’ils ont traversées, mais l’autrice néerlandaise parvient à nous les rendre abordables, touchants même. Betty, jeune femme enceinte, est particulièrement touchante, son histoire étant dévoilée au fur et à mesure.

J’ai beaucoup aimé que chaque chapitre soit entrecoupé d’une vraie photo, cela rend cette histoire fictive d’autant plus crédible et frappante. Le cahier documentaire à la fin explique l’immense travail de documentation que l’autrice a fait aux Etats-Unis sur ce phénomène climatique. C’est un sacré tour de force que de parvenir à nous intéresser à un tel sujet. L’autrice questionne aussi sur la place de la photo dans un tel cadre, si le photographe doit tout prendre pour tout relater ou s’il peut choisir son angle de vue et une mise en scène particulière pour ne montrer qu’une vérité partielle. En effet, John Clark en arrive à douter de sa mission, car il s’est pris d’amitié pour les habitants abandonnés par l’administration centrale… Aimée de Jongh parvient à nous intéresser à cette histoire originale et véritablement touchante, avec un dessin très précis et une approche toute particulière. Mon gros coup de cœur du moment !

A partir de 13 ans selon l@BD.

Premières planches à voir sur Izneo.

On en parle sur les blogs : Délivrer des livres, Vivre livre, Mille et une frasques, Tours et culture, Ma petite médiathèque, Le petit carré jaune

Cet album est présenté aujourd’hui dans le cadre de bd, avec Noukette qui regroupe les participants des autres lecteurs et lectrices de 9e art !

15 réflexions au sujet de “Jours de sable”

  1. j’ai beaucoup aimé cet album. Graphiquement il m’a beaucoup marqué et toute la réflexion autour du pouvoir de l’image je la trouve très intéressante.

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