BD fait de société

Appelez-moi Nathan

APPELEZ-MOI NATHAN, par Catherine Castro (scénario) et Quentin Zuttion (dessin) (Payot graphic, 2018)

appelezmoinathanLila grandit sans problème, jusqu’au jour où ses formes de femme apparaissent… Problème, cela ne correspond pas avec ce qu’elle est à l’intérieur. Lila sait qu’elle est un garçon, que son prénom est Nathan, alors il/elle refuse tout ce qui a trait à cette identité féminine. Mais pas facile de faire entendre cette nouvelle à son entourage… Il faut d’abord faire accepter cette identité à sa famille, à ses amis avant d’entreprendre le changement physique et d’identité.

Voici un album acheté (et dédicacé) à Montreuil en décembre dernier, repéré après un mercredi BD (encore et toujours tentateur !)… Je l’ai acheté les yeux fermés (ou presque), les avis étant très bons sur cet album au sujet bien rare en BD…

L’album fait environ 140 pages et se lit aisément. Le récit est fluide, Lila/Nathan est attachant et on partage sa peine de ne pas être reconnu tel qu’il est. Le sujet n’est vraiment pas simple : l’annonce aux parents, les scarifications, les engueulades, les questionnements sur l’identité… Mais toujours avec finesse et pudeur, on suit ce héros atypique qui se pose beaucoup de questions sur son identité. Le scénario est basé sur une histoire vraie (c’est annoncé dans les remerciements à la fin de l’histoire), et cela a renforcé encore cette lecture. Par son sujet encore rare en littérature et encore souvent tabou, cet album est vraiment incontournable pour combattre les idées préconçues et autres préjugés.

Le trait de Quentin Zuttion est particulièrement adapté au propos. Il y a un côté très réaliste, et en même temps le trait est suffisamment simple pour n’aller qu’à l’essentiel. Il suffit de voir par exemple la couverture qui est très lisible. Certaines planches sont particulièrement agréables, d’autant plus que les couleurs, aux tons pastels, sont vraiment jolies. D’autres planches sont vraiment fortes ; je n’ai pas été choquée, mais je pense que certains jeunes lecteurs pourraient l’être (lorsque Nathan se met en colère contre son corps qui n’est pas comme il le souhaiterait). Il faudrait donc que ce soit une lecture accompagnée, pour pouvoir expliquer, mettre des mots sur ce que peut vivre et ressentir Nathan. Mais à part cela, je dois dire que j’ai beaucoup aimé le trait de ce jeune auteur que je ne connaissais pas jusque là. C’est franchement une belle découverte, un album vers lequel je ne serais pas spontanément allée, mais cela aurait été une erreur !

Non mentionné sur l@BD, mais je dirais à partir de 14-15 ans (à cause de certaines planches seulement).

On en parle sur les blogs : La bibliothèque de Noukette, Pages versicolores, Mes échappées livresques, Le blog du petit carré jaune, Mille et une frasques

Portfolio du dessinateur en suivant ce lien.

Quelques planches à découvrir dans l’article du magazine Néon.

Cette histoire m’a fait penser à la mini-série britannique « De Max à Maxine« , diffusée sur la chaîne 6ter mi-février (je ne l’ai pas vue en entier, mais le sujet est très proche).

Cet album participe à labd bleu, cette semaine chez Stephie qui regroupe les articles de tous les lecteurs de bulles !

29 réflexions au sujet de “Appelez-moi Nathan”

  1. Après l’avoir lu et chroniqué, je l’ai mis entre les mains de mon ado de 14 ans. On avait déjà regardé un documentaire à ce sujet, et pas mal discuté. Il ne découvrait donc pas le sujet. Il l’a lue avec beaucoup de plaisir avant que l’on en parle ensuite. Ce qui le contrarie le plus, c’est de ne pas réussir à comprendre pourquoi les gens se moquent, font du mal, etc. « Maman, mais ça dérange qui, en fait ? S’il est un garçon, c’est un garçon. C’est sa vie, c’est lui qui sait. Les gens, ils n’ont pas autre chose à faire que de se mêler de la vie des autres ? » J’aime mon fils, et encore plus de le voir réagir de manière aussi naturelle.

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    1. C’est intéressant d’avoir l’avis d’un ado là-dessus. Moi les ados je ne les cotoie qu’au boulot, et leurs réactions ne sont certainement pas les mêmes qu’à la maison…
      Ton fils a un bel état d’esprit, bravo ! 🙂

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    1. Après, cela dépend des vécus et des publics, mais je ne me vois pas mettre cet album dans « mon » CDI de collège rural… Par contre, je pourrais en parler à certains élèves, en individuel.

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