BD historique

Noire. La vie méconnue de Claudette Colvin

NOIRE, LA VIE MECONNUE DE CLAUDETTE COLVIN, par Emilie Plateau (Dargaud, 2019), d’après Tania de Montaigne

noire

Récit de la vie de Claudette Colvin, née en 1939 et oubliée des livres d’histoire au détriment de Rosa Parks. Pourtant c’est elle qui la première, en mars 1955,  a refusé de céder sa place à un blanc dans un bus de Montgomery. Plaidant non-coupable, aidée par un avocat et par un mouvement (le NAACP : national association for the advancement of colored people), elle a attaqué la ville et son maire ségrégationniste, mais quelques mois plus tard, elle tombe enceinte d’un homme blanc et est alors discréditée par ses soutiens comme symbole de la lutte des noirs pour leurs droits… C’est de Rosa Parks, qui refuse de céder sa place de bus elle aussi, que les manuels d’histoire se souviendront. Pourtant c’est bien Claudette Colvin  qui est à l’origine de ce mouvement qui a changé la société américaine d’après-guerre… Et malgré cela, son nom est tombé dans l’oubli…

Voici un album découvert un peu par hasard, certainement par des blogs. J’ai bien aimé cette histoire qui met en avant une jeune fille qu’on a totalement oubliée au profit de Rosa Parks. Historiquement, c’est instructif. Cet album mêlant féminisme et lutte contre la ségrégation est intéressant d’un point de vue historique pour montrer le racisme omniprésent dans l’Alabama et les autres états de la Cotton Belt dans les années 1950. Il aborde aussi une société patriarcale qui écrase une jeune fille pas assez forte (et aux valeurs insuffisantes pour les hommes d’église qui l’ont épaulée lors du procès), ce qui a engendré l’effacement de son nom sur les tracts diffusés. Enfin, c’était des hommes qui ont mené le procès ou qui se sont mis en avant dans les associations de défense (pas une seule femme sur les photos), ignorant les paroles d’une jeune fille qui a dû ensuite aller vivre à New-York pour ne plus subir de pression (tout comme Rosa Parks d’ailleurs, quelques années plus tard). Il est aussi question du ku klux klan, avec un certain nombre de références dessinées : les tenues, mais aussi les stigmates des attaques envers les leaders du mouvement noir : vitres éclatées, maisons attaquées…)

Graphiquement, on est dans un registre minimaliste, désarçonnant pour moi au début : pas de cases, des simples teintes de marrons orangés en plus du noir et blanc, et pas de bulles non plus. Cela rend le récit très lisible, avec en prime d’intéressants détails comme par exemple les devantures des magasins distincts pour les blancs et noirs. Le tout, très épuré, se lit rapidement, même trop rapidement par moments.

La narration est elle aussi assez étrange au départ : l’autrice s’adresse à nous lecteur en nous mettant à la place de Claudette, elle nous inclut dans le récit en nous vouvoyant. 

En fin d’album, on trouve d’intéressantes (mais courtes) biographies de personnages qui apparaissent dans l’histoire. J’aurais bien aimé savoir dès le départ que des informations se trouvaient à la fin, cela m’aurait aidé à comprendre certains éléments je pense. 

Bref, j’ai beaucoup aimé cet album aux riches références, qui montre la ségrégation mais aussi le poids des hommes… Une bien jolie découverte que cette histoire vraie, malgré un graphisme un peu trop minimaliste à mon goût !

Non mentionné sur l@BD, je dirais à partir de 13-14 ans.

Extrait à lire depuis le site de l’éditeur.

On en parle sur les blogs : Vivre livre, Mes pages versicolores, Blog o noisettes, My pretty books, Anouk Library

Comme chaque mercredi, on se retrouve pour labd bleu, et aujourd’hui c’est chez Stephie !

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