BD polar

L’homme qui tua Chris Kyle

L’HOMME QUI TUA CHRIS KYLE, par Fabien Nury (scénario) et Brüno (dessin) (Dargaud, 2020)

chris kyleChris Kyle est un ancien soldat de l’armée américaine. Ayant participé à plusieurs campagnes de guerre en Irak, il en est revenu comme étant le sniper le plus « efficace » de toute l’histoire américaine, avec plus de 160 reconnues (d’après témoin) au compteur, 255 morts lui seraient « attribuées », certaines n’ayant pas eu de témoin.C’est un héros pour un grand nombre d’américains, et son autobiographie est un best-seller. Depuis son retour au pays, il se charge des anciens combattants en les aidant à se remettre du traumatisme de la guerre avec des armes (procédé étrange dirait-on de ce côté de l’Atlantique…), mais c’est un ancien soldat qui va l’abattre lors d’une de ces séances. De nombreux hommages lui sont faits, et sa femme reprend le flambeau, en intervenant à la télévision et en poursuivant le but de son défunt mari…

Voici un album que j’ai emprunté pour ses auteurs : Fabien Nury aux scénarios toujours pointus et Brüno pour ses dessins si particuliers et reconnaissables que j’ai appris à apprécier avec le temps. Pour cet album-ci, j’ai ouvert ce livre sans savoir qui était ce Chris Kyle. Je ne savais pas que cet album était documentaire. J’ai découvert un homme dont les armes étaient le prolongement de son bras, connu comme le loup blanc aux Etats-Unis grâce à ses « exploits »… Bref, la mentalité est véritablement différente de celle en Europe. Les auteurs prennent le temps de nous exposer qui est Chris Kyle, son parcours, sa famille, ses réussites professionnelles mais aussi qui est aussi son meurtrier (en retraçant aussi son parcours). Ils se basent sur des témoignages vidéos, des interviews visiblement diffusées sur des grandes chaînes américaines. Cet aspect documentaire se veut complet, fournissant au lecteur toutes les cartes pour comprendre l’histoire et se faire un avis dessus.

Graphiquement j’ai moyennement adhéré, car j’ai trouvé certaines pages bien lentes et des dessins vraiment trop redondants, surtout lors des interviews télévisées (la tête est exactement la même, ou parfois seul un petit détail change, ce qui fait que ces passages ne sont pas franchement intéressants à lire). Je n’ai pas retrouvé le « petit truc »du dessin de Brüno qui me plaisait bien dans Atar Gull ou le destin d’un esclave modèle, Tyler Cross tome 1 et tome 2 ou encore Junk… Ici, cette album documentaire est parfois assez plat, redondant graphiquement. En plus, je n’ai pas adhéré du tout au héros, qui glorifie une Amérique pro-armes, républicaine et individualiste. Le tueur de Chris Kyle n’est pas mieux, accro à la drogue, violent, alcoolique… Il est expliqué que c’est à cause de ce qu’il a pu voir en Haïti, les nombreux morts suite au séisme de 2010 qui l’auraient choqué au point de changer son comportement et de parvenir à tuer d’une manière extrêmement froide et sans signes avant-coureurs. Autant dire qu’en tant que lecteur, on ne parvient à s’attacher ni à l’un, ni à l’autre.

En clair, je crois que je garderai un sentiment mitigé de cette histoire qui met en avant les armes dans une société américaine peu enviable, mais tellement réaliste de ce que l’on peut entendre aux informations… Je crois que je n’ai pas apprécié parce que l’histoire est trop contemporaine, même si les auteurs de cet album ne glorifient absolument pas les protagonistes de cette histoire macabre, mais retracent de manière assez objective son parcours…

Pour autant, j’ai poursuivi avec le film American Sniper de Clint Eastwood, et au final j’ai préféré le film, car même si cela parle du même homme, le film est centré sur la période « guerre en Irak », et on n’a quasiment rien sur l’homme après son retour, si ce n’est qu’il est traumatisé par le moindre bruit et semble victime d’un syndrome post-traumatique. Alors oui bien sûr, le film met en avant un héros de la guerre américaine en Irak, mais aussi un homme avec ses failles, et une vie de famille qui vacille alors qu’il est appelé pour servir son pays (bon, cela n’excuse pas quand même le nombre de morts qu’il a semés derrière lui). La mort de Chris Kyle est abordée en toute fin de film, ainsi que les hommages qui lui sont rendus, mais j’ai bien moins ressenti le côté patriote que je redoutais, ce côté qui ne m’a pas spécialement fait accrocher avec cet album…

A partir de 15 ans selon L@BD.

On en parle sur les blogs : Sulli raconte sa BD, Quoi de neuf sur ma pile, Lireka, Les miss chocolatine bouquinent, Hop blog, Blog brother, Samba BD

Premières planches à voir sur Izneo.

Cet album est présenté dans le cadre de bd avec les liens des participants à retrouver aujourd’hui sur le blog de Moka, au milieu des livres.

20 réflexions au sujet de “L’homme qui tua Chris Kyle”

  1. J’ai beaucoup aimé le film de Clint Eastwood et je lirai bien cet album pour prolonger. Bien qu’effectivement cette mentalité pro armes et cette glorification m’échappent complètement – question de culture

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    1. Ah ça oui, la culture européenne est bien différente ! Le film et la BD n’abordent pas l’homme de la même façon, tu me diras ce que tu en as pensé !

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  2. J’ai plutôt bien aimé cette BD mais n’ai pas vu le film par contre. Je trouve que justement l’auteur montre bien les dérives des armes et comment une partie de l’Amérique continue de faire des affaires avec celles-ci sous couvert d’héroïsme.

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