BD fait de société

Les petits ruisseaux

LES PETITS RUISSEAUX, par Pascal Rabaté (Futuropolis, 2006)

Edmond et Pierre sont deux amis retraités qui aiment passer de longs moments à pêcher. Ils se connaissent depuis longtemps, et pourtant Edmond, divorcé depuis dix ans, a un loisir qu’il exerce en secret : il aime peindre des nus, en utilisant des photographies de magazines. Un jour, il présente ses œuvres à son ami, et lui annonce juste avant qu’il fréquente une femme depuis quelques temps. Pierre est étonné par cet aspect méconnu de son ami, mais veuf, il déclare ne pas pouvoir penser à une autre femme que sa Jeanne, morte d’un cancer des années auparavant. Pourtant, lorsqu’Edmond décède brutalement, Pierre décide de profiter du temps qu’il lui reste à vivre. Lors des obsèques de son ami, il rencontre Lucie, la femme que fréquentait Edmond. Les quelques rencontres entre ces deux retraités victimes de solitude vont réveiller Pierre, qui décide de partir sur les traces de son enfance et de profiter de la vie. Son désir s’est aussi réveillé, il a même parfois de drôles de visions des femmes…

Voici un album que j’avais lu il y a quelques années sans prendre le temps de le chroniquer sur ce blog. J’en gardais un très bon souvenir, et j’ai continué à lire certaines des œuvres de Rabaté (Un ver dans le fruit, La Marie en plastique, Crève saucisse…). J’ai donc relu avec un grand plaisir cet album qui approche bientôt des 10 ans. L’humour est toujours aussi vif dans cet album. J’ai beaucoup souri avec les vies de ces deux hommes âgés, qui cassent les clichés : loin d’une image lisse, Edmond et Pierre ont des envies qu’ils avouent plus ou moins facilement : envie de rencontres, de contacts corporels, de nouveautés… Rabaté aborde là un sujet souvent tabou : la vie sexuelle des personnes âgées. Il l’aborde tout en finesse, sans aucune vulgarité. Le parcours de Pierre est bien décrit, on est parfois dans sa tête avec ses ‘hallucinations’. Il en résulte un personnage attachant, qui cherche juste à profiter de la vie, quoi que puissent en dire ses amis ou sa famille. Les rencontres sont souvent loufoques et inattendues, surtout avec le groupe de jeunes qui squatte la maison de son enfance, mais c’est ce choc des générations qui est drôle. L’histoire est donc rondement menée, sans temps mort, et on se dit qu’au final, le mieux est de ne pas attendre d’être vieux pour profiter de la vie ! Concernant le dessin de Rabaté, il est reconnaissable : pas toujours très fini, parfois très esquissé, mais plein de vie et de rythme et ça j’aime. J’aime aussi son choix de couleurs, souvent pastels, utilisant avec parcimonie les ombres pour une jolie ambiance. Les petits ruisseaux est vraiment un album incontournable, un petit bijou d’humour et de tranche de vie, à faire lire autour de soi !

A partir de 15 ans selon l@BD

On en parle (beaucoup) sur les blogs : Gwordia, Miss Alfie croqueuse de livres, Chez Canel, La bibliothèque de Noukette, Les facéties de Lucie, Chroniques de l’invisible, La ronde des post-it

Premières planches à lire sur Digibidi.

L’auteur a adapté son album en film, dont voici la bande-annonce :

6 réflexions au sujet de “Les petits ruisseaux”

      1. J’étais allé le voir lors de sa sortie en salle. J’en garde un bon souvenir. Je te confirme que l’atmosphère du film est similaire à celle qui accompagne la lecture de l’album. Au plaisir de te relire…

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