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Géante

GEANTE, histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté, par Jean-Christophe Deveney (scénario) et Nuria Tamarit (dessin) (Delcourt, 2020)

geante album

Céleste est une géante, recueillie alors qu’elle n’était qu’un nouveau-né par une famille d’agriculteurs vivant sur les flancs de la montagne. Baptisée Céleste comme étant un cadeau du ciel, elle est la septième enfant de la famille, et la seule fille. Elle s’intègre parfaitement à cette vie, jusqu’à son adolescence, où ses frères quittent progressivement le foyer pour mener leur vie dans la vallée ou sur les mers… Rencontrant un colporteur qui lui décrit une ville voisine, Céleste se laisse tenter par cette aventure et quitte ses parents, mais cette expérience hors de la montagne va mal se passer, car elle va être abusée par le colporteur et va donc devoir fuir, morte de honte… Son voyage en quête de liberté ne fait que commencer… Elle va croiser en chemin des personnes qui lui seront hostiles, d’autres qui au contraire l’accueilleront de façon bienveillante avec sa différence, d’autres qui l’aimeront, de simples artistes mais aussi un prince, une reine, ou encore des religieuses qui tenteront d’éteindre sa bonté et son grand coeur…

J’ai emprunté cet album un peu au hasard, suite à un avis lu sur un blog (je n’ai pas noté sur lequel, désolée), alors que je n’aimais pas particulièrement la couverture, la trouvant assez fouillis et bien peu lisible… L’album est assez épais avec ses près de 200 pages, mais il se lit comme un conte, avec son chapitrage particulier. L’histoire prend bien le temps de se développer, on suit toute la vie de Céleste, à la fois triste et joyeuse, mais aussi moderne et féministe (en tant que fille, elle est traitée à égalité avec ses frères, par exemple) et enfin teintée de nostalgie quand elle pense à sa famille… J’ai aimé le scénario, riche et dense, même si parfois la narration fait que le temps se déroule sans que ce soit vraiment explicité (par exemple, elle est avec Alto l’artiste qui la laisse partir, et la case d’après elle se marie avec le prince). Mis à part ces quelques passages temporels un peu étranges, j’ai bien aimé lire cette histoire, qui est enrichie de nombreuses références : Dorsodoro pour Venise, les sirènes comme dans l’Odyssée d’Homère… Ce voyage initiatique est semé d’embûches pour la jeune Céleste, qui grandit (pas en taille, mais en expériences) à chaque fois, en se devenant tour à tour marionnettiste, princesse amoureuse, novice dans un couvent, guérisseuse… Cela montre aussi la richesse de la vie, selon les voies que l’on choisit, les rencontres qu’on peut faire… 

Le dessin est au départ assez spécial, les yeux ronds donnant un aspect vide au regard des protagonistes. Pourtant on s’attache à Céleste dont les origines sont inconnues, mais dont la différence de taille ne semble pas poser de question à quiconque, c’est plus son statut de fille qui semble poser problème à certains. Graphiquement c’est assez enfantin mais aussi original, déjà parce que la taille de Céleste est particulière… Cependant, cela donne des perspectives inattendues mais en même temps assez réjouissantes. Le trait n’est pas franchement très compliqué, il est plutôt rond et simple, mais je crois que c’est totalement adapté pour l’histoire. Bref, j’ai aimé cet album bien différent, qui pourrait bien faire partie de ma bibliothèque idéale…

A partir de 13 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Les chroniques de Justine, Les lectures de Chloé, Les voyages d’Ely, La case de l’oncle Will

Premières planches à lire sur Izneo.

Comme c’est mercredi, cet album participe à labd bleu, aujourd’hui chez Noukette qui regroupe les liens de tous les participants !

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