BD fait de société, BD polar

Ma révérence

MA RÉVÉRENCE, par Wilfrid Lupano (scénario) et Rodguen (dessin) (Delcourt, 2013)

Vincent est un homme un peu paumé, un peu loser. Pour sortir de sa médiocre vie et rejoindre son amoureuse et son fils qu’il a abandonnés en Afrique, il va mettre au point un plan : braquer un fourgon blindé. Il faut dire qu’il a normalement toutes les cartes en main pour que ça marche, c’est même un convoyeur de fonds qui lui a fourni involontairement les informations. Vincent va embarquer dans l’aventure un de ses amis, Gaby, cumulant les qualificatifs : beauf, raciste et homophobe, alcoolique et vulgaire. Mais cela ne va pas être simple : ce que prépare Vincent, Gaby le détruit, même lors de l’ultime répétition sur les lieux du braquage. Et puis Vincent va se rendre compte que ce qu’il avait minutieusement mis au point va aussi s’écrouler à cause du convoyeur de fonds, dont la famille va s’avérer différente… Le plan de Vincent va devoir changer…

J’avais bien repéré cet album à sa sortie en librairie l’an dernier, j’avais bien vu que son scénariste était le même que pour Le singe de Hartlepool que j’avais beaucoup aimé, mais le sujet était trop différent là pour que je tente l’achat. Bref, j’ai attendu qu’il soit en bibliothèque, et par hasard, je l’ai emprunté le week-end du festival d’Angoulême… Une fois rentrée dans l’histoire, il a été difficile pour moi de lâcher cet album. L’histoire est très fluide, on suit ces deux paumés sans savoir ce qu’ils vont réellement faire car ils enchaînent les mauvais plans : les contretemps se suivent et ne se ressemblent pas, et ce qu’ils vont découvrir sur l’homme convoyeur de fonds et sa famille va les toucher, au point de les faire douter de leur objectif final. L’histoire s’accélère sur la fin, mais sinon le rythme n’est pas spécialement rapide. J’ai beaucoup aimé lors de l’introduction la présentation en voix-off du personnage principal par lui-même, et surtout le fait qu’il n’essaie de brosser un tableau très positif de lui. Les dialogues ont souvent une bonne part d’humour, cela fait sourire à de nombreuses reprises. L’idée de départ de rêve d’un monde meilleur tel Robin des Bois est intéressante, même si au final elle s’avère assez égoïste, car Vincent ne cherche finalement qu’à améliorer sa propre situation et pas celle des autres. Le scénario mêle tout de même une certaine humanité avec une description de la misère sociale. Pour le dessin, il s’agit là encore pour moi d’une découverte, je ne connaissais pas Rodguen. C’est un dessin expressif, servi par un découpage dynamique (il n’y a jamais les mêmes planches). Enfin, il y a tout un travail sur les couleurs, effectué par Ohazar, avec des pages ou des cases monochromes et d’autres plus réalistes. Il y a peu de luminosité dans les couleurs, pour montrer le côté terne de la vie des deux protagonistes, et plus de couleurs lors des scènes qui se passent au Sénégal. J’ai vraiment aimé ces couleurs qui participent à faire de cet album une très belle lecture, même si ce n’est pas un vrai beau coup de cœur pour moi : il me manque un petit truc, mais je ne saurais dire quoi…

Non mentionné sur l@BD.

On en parle (beaucoup) sur les blogs : Chroniques de l’invisible, Au milieu des livres, La bibliothèque de Noukette, Bédépolar, Khadie lit, Tête de lecture, Blog brother

Prix Polar SNCF lors du dernier festival d’Angoulême en février 2014.

Consulter le site de Rodguen, en anglais.

Interview des deux auteurs de cet album :

12 réflexions au sujet de “Ma révérence”

    1. Une bonne lecture, mais effectivement, prix polar, c’est un peu étrange. Je vais ajouter en tag « fait de société », effectivement, car le côté polar n’est pas spécialement présent…

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    1. Mon ami aussi n’a pas spécialement aimé, il a trouvé l’album un peu longuet, et n’a pas été enthousiasmé plus que ça par le dessin… Oui comme tu dis, les goûts et les couleurs ! 🙂

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