BD fait de société

Kililana song, seconde partie

KILILANA SONG, seconde partie, par Benjamin Flao (Futuropolis, 2013)

Suite et fin du tome 1. Naïm se retrouve sur un bateau avec un vieil homme qui prétend être le gardien de la sépulture d’un géant légendaire qui va être perturbé par de futures constructions immobilières. Sauf que dans le bateau dans lequel le jeune garçon se trouvait, il y avait de la drogue destinée à un européen, et que le vieil homme pioche dedans sans se soucier des conséquences. Naïm comprend que cela va poser problème, mais ne peut rien faire. Il continue d’écouter les légendes que raconte le vieil homme…

Je suis beaucoup plus enthousiaste sur ce tome que sur le premier ! Le scénario est beaucoup plus clair même s’il se densifie, tout se relie dans ce volume, et on comprend les liens entre les différents personnages, j’ai même enfin compris le titre du diptyque, ce qui n’est pas désagréable ! L’histoire dans ce volume-là est beaucoup plus fluide, et je n’ai pas eu de mal à lire cet album, contrairement au tome précédent où je m’y suis reprise à plusieurs fois. Autant dans la première partie, Naïm semblait insouciant, autant dans cette seconde partie, il devient craintif des esprits et des fantômes. Son comportement est tout autre, il découvre quelque chose qui le dépasse et grandit. J’ai aimé ce changement d’attitude chez le garçon, on s’attache à ce héros ordinaire, qui va être confronté à quelque chose d’extraordinaire. Le dessin arrive particulièrement bien à rendre compte de la violence de la mer lors des tempêtes. Benjamin Flao retrace magnifiquement une ambiance africaine et parvient à nous faire voyager avec son diptyque. Les couleurs lumineuses, les pleines pages et les nombreux portraits relatent une vision de l’Afrique, qui à la fois donne envie mais aussi fait peur (trafics, terrorisme, violence, escroqueries, corruption…). Certains personnages sont en effet peu fréquentables et la violence n’est jamais vraiment loin d’eux. L’album est dense au niveau du scénario et du dessin, ce n’est donc pas un album que l’on lit à la légère, car il y a plein de détails à observer et à retenir (contrairement à certaines personnes qui croient que la BD est un art de 2nde catégorie…).  Kililana Song est une bien jolie histoire qui ne peut laisser indifférent, oscillant entre dénonciation de l’industrialisation grandissante des terrains préservés et atmosphère fantastique (avec les esprits et les croyances africaines). On peut avoir l’impression que le scénario part dans plusieurs directions, ce qui n’est pas faux, mais livre un récit dans lequel chacun pourra retenir ce qui l’intéresse le plus. Cela peut donc permettre de viser un public large. L’épilogue est particulièrement long et apporte pas mal d’informations intéressantes, et le mot tout à la fin de l’histoire nous rappelle que même si l’histoire est inventée, certains passages ne sont pas bien loin de la réalité. C’est donc une BD engagée qui se cache sous un album aux faux airs d’hommage aux enfants aventuriers du style Tom Sawyer. Je ne suis pas mécontente du tout d’avoir lu ce diptyque !

A partir de 13 ans selon l@BD.

On en parle (beaucoup) sur les blogs : Sin City, Les coups de cœur de Géraldine, La bibliothèque de Noukette, Samba BD, Livresse des mots, Chroniques de l’invisible

Premières planches à voir sur Izneo.

Cet album a reçu le Grand Prix RTL de la BD 2013.

La vieille ville de Lamu est inscrite sur la liste du patrimoine mondiale de l’Unesco.

Consulter le site Save Lamu (en anglais) qui vise à préserver l’archipel.

2 réflexions au sujet de “Kililana song, seconde partie”

    1. C’est complètement ça ! Franchement, si je n’avais pas lu d’avis très très enthousiastes sur ce diptyque, je ne sais pas si j’aurais lu le tome 2, car le 1 m’avait laissé une opinion mitigée (surtout le scénario, pas le dessin).

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