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Annie Sullivan & Helen Keller

ANNIE SULLIVAN & HELEN KELLER, par Joseph Lambert (Editions çà et là / Editions Cambourakis, 2013)

Biographie de la jeunesse d’une personnalité très connue aux Etats-Unis, mais beaucoup moins de notre côté de l’Atlantique : Helen Keller, née en 1880 dans l’Alabama, qui devient sourde, muette et aveugle à l’âge de 19 mois suite à une maladie. Grâce à son professeur Annie Sullivan, elle-même malvoyante, qu’ont engagée ses parents, elle va apprendre à communiquer avec les autres grâce à la langue des signes, et découvrir le monde qui l’entoure. Très intelligente, la petite fille va aussi apprendre à écrire, et deviendra plus tard une intellectuelle reconnue, son diplôme en poche. Un parcours qui force l’admiration, dans une Amérique encore fortement marquée par les conflits entre le nord et le sud…

Cet album faisait partie de la dernière sélection officielle au festival d’Angoulême, je l’ai donc emprunté pour pouvoir me faire mon propre avis. Je ne connaissais pas Helen Keller avant de commencer ce livre, donc je l’ai ouvert avec un œil neuf. Pour une fois, j’ai commencé par la fin, et j’ai eu raison : il y a 3 pages de notes qui permettent de compléter l’histoire, d’apporter des éléments historiques. Cela m’a servi ensuite pour mieux comprendre l’histoire dessinée. La relation entre Annie et Helen est très bien racontée, on suit les doutes d’Annie, son obstination les premiers temps lorsqu’Helen réagit violemment aux premiers contacts avec sa professeur, on a aussi des morceaux de son enfance maltraitée dans un orphelinat. On est aussi dans la tête d’Helen : dans certaines planches, on a sa vision où elle ne voit (ou perçoit) que des formes très floues, souvent foncées. Puis cela s’éclaire et se précise de plus en plus, au fur et à mesure qu’elle acquiert du nouveau vocabulaire sur le monde qui l’entoure. Pas mal de contenu est traduit en langue des signes dans les cases, car c’était le moyen de communication entre les deux jeunes filles. En tout cas, le procédé utilisé par Joseph Lambert est impressionnant de précision sur la LSF, il arrive à dessiner le mouvement des mains et plusieurs lettres (et parfois même des mots entiers) dans une seule et même case. Au niveau du dessin, je l’ai trouvé très fin mais assez tremblotant, même s’il ne pose pas de souci pour distinguer les personnages. Les décors ne sont pas toujours présents, mais en même temps, le découpage est tel qu’il y a souvent de petites cases (souvent 12 cases par planche) et donc peu d’espace pour représenter le décor. Les couleurs sont pastels, pas désagréables. C’est un auteur que je ne connaissais pas, son trait ne m’est pas extrêmement agréable, mais il n’est pas désagréable non plus, loin de là. C’est surtout le contenu qui est intéressant, mais l’approche de Joseph Lambert est elle aussi originale. Un bon album donc, à condition de connaître à l’avance un minimum la vie d’Helen Keller, et aussi un jeune auteur à suivre…

A partir de 13 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Une autre histoire, Val aime les livres, Vive la rose et le lilas, Onirik,

Cet album a fait partie de la sélection officielle d’Angoulême 2014.

Extraits à télécharger depuis le site de l’éditeur, et explications de l’histoire de l’édition de cet album en français sur le blog de Cà et Là (on y apprend par exemple que c’est l’auteur qui a refait le lettrage pour la version française, et qu’il a redessiné les cases avec la langue des signes, pour que cela colle avec la traduction française !).

Rencontre avec Joseph Lambert, le jeune auteur américain de l’album, à lire sur le site de Télérama.

Consulter aussi le site officiel de Joseph Lambert, en anglais.

Plus d’infos sur Anne Sullivan en anglais sur le site de l’institut Perkins, mentionné dans l’album.

8 réflexions au sujet de “Annie Sullivan & Helen Keller”

  1. J’étais intéressée par cette lecture à sa sortie. Je connais déjà l’histoire d’Helen Keller donc je souhaitais lire celle-ci pour ce point de vue différent. Mais quand j’ai feuilleté l’ouvrage au Salon du livre Jeunesse de Montreuil en décembre dernier, j’ai été repoussé par le dessin qui m’a déplu. Dommage… Peut-être suis-je passée à côté de quelque chose….

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    1. Je crois qu’il ne faut pas s’arrêter au dessin. Certes un peu difficile au premier abord, mais on s’y habitue pas si mal finalement, et puis l’auteur fait preuve d’un sacré tour de force en dessinant la langue des signes…

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