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Dans les glaces

DANS LES GLACES, par Simon Schwartz (Sarbacane, 2013)

Récit romancé de la vie de Matthew Henson, le premier homme à avoir atteint le pôle Nord en 1909, alors qu’il faisait partie de l’équipe de l’explorateur Robert Peary. Mais du fait de sa peau noir, son exploit est passé inaperçu, au profit de l’explorateur blanc au caractère peu supportable. Timide, n’osant s’imposer face aux autres, Matthew Henson a subi depuis tout petit le racisme de la population blanche, et les explorateurs Robert Peary et Frederick Cook n’ont pas eu un comportement différent envers celui qui les a pourtant aidé à atteindre leur but suprême… La gloire en Amérique ne sera pas pour Matthew, mais par contre, il sera très reconnu chez les inuits, qui voient en lui l’incarnation d’un esprit traditionnel…

Voici un très bon album d’aventures, qui raconte de façon peut-être un peu lisse comment un homme noir a atteint le pôle nord au début du XXème siècle, sans être reconnu à la hauteur de son exploit. Le dessin est particulier, les visages ronds, et je peux comprendre qu’on n’y accroche pas, car les traits sont parfois grossiers, exagérés et irréalistes, mais c’est vraiment le trait du dessinateur allemand qui est comme ça. Je l’avais déjà repéré dans De l’autre côté, et il y a vraiment le même style très particulier. Dans les glaces est colorisé de façon particulière, toujours dans les tons bleus et gris, et ces couleurs froides n’ont pas tendance à réchauffer l’ambiance de l’album, mais sont complètement en adéquation avec le propos. Dans cet album, il y a un fort côté historique véridique, mais l’auteur prend le soin d’annoncer dès le début qu’il a pris quelques libertés avec le récit original de Matthew Henson. Son scénario est fluide et tout à fait plausible, mais on se rend compte des écarts avec la réalité en lisant la chronologie à la fin de l’oeuvre (ultra-détaillée et fort instructive pour apporter des compléments). Je suis un peu déçue tout de même par les différences avec la réalité, car Simon Schwartz a même été jusqu’à changer la mort de certains personnages. Certains sont présents dans l’album, alors qu’ils étaient en réalité morts. Cela ne me dérange pas qu’on modifie des petites choses, mais de là à faire grandir un enfant qui est mort enfant, je trouve ça un peu fort. il y a trop de changements par rapport à la réalité pour considérer cet album comme une véritable biographie. Et puis il y a aussi un côté mystique, avec les croyances des peuples du nord, qui voient en Matthew Henson l’incarnation d’un esprit. Cela est très étrange au départ, et puis finalement tout se relie sur la fin. L’auteur montre bien les croyances inuits, leur mythologie si particulière. Bref, un scénario original sur plus de 150 pages, portant sur un sujet méconnu du grand public, et servi par un dessin particulier mais attachant. A essayer !

A partir de 10 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Un dernier livre, Une autre histoire, Les buveurs d’encre, Maxoe

Cet ouvrage a obtenu le prix Max et Moritz 2012 de la meilleure BD de l’année en Allemagne (sous le titre original de Packeis).

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