BD historique

La bombe

LA BOMBE, par Laurent-Frédéric Bollée, Didier Alcante (scénario) et Denis Rodier (dessin) (Glénat, 2020, coll. Mille feuilles)

bombeLe 6 août 1945 est une date dans toutes les mémoires : une bombe atomique américaine a détruit la ville japonaise d’Hiroshima. Mais cette bombe est le résultat d’un long processus, de recherches et d’essais mêlant des scientifiques de tous les pays, de diplomatie et de politique, et le choix d’Hiroshima n’est pas non plus un hasard… Cet album présente dans les moindres détails la bombe, son origine, les scientifiques qui l’ont conçue, les enjeux qu’elle avait pour la fin de la guerre mais aussi pour la suite du XXe siècle…

Voici aujourd’hui un épais album de près de 450 planches, très dense et tout en noir et blanc. En fin d’année dernière, je l’avais vu passer parmi la liste des 10 albums de l’année sur le site Bodoi, et j’ai quand même hésité quand j’ai eu le pavé entre les mains. Mais au final, aucun regret et même une impression d’avoir lu un album magistral qui éclaire sur l’histoire de la seconde guerre mondiale. J’ai appris pas mal de choses, par exemple sur l’uranium ou sur le déroulé de la guerre, et l’album se lit vraiment bien (je dois avouer que j’ai bien apprécié le fil en tissu qui sert de marque-page ;)).

Déjà cela commence avec le prologue, avec l’uranium en voix off, qui se présente depuis ses origines à l’apparition de la Terre, puis on passe rapidement aux années 1930 en Allemagne, avec la rencontre de scientifiques qui font des découvertes majeures qui pourraient faire basculer le monde… On voyage ensuite dans plusieurs endroits du globe : en Norvège (contrôlée par l’Allemagne), aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Congo belge, mais aussi au Japon où on suit une famille avec un fils qui s’engage comme soldat avant de devenir kamikaze… Tout s’imbrique, les tests, les rencontres, les avancées scientifiques mais aussi la progression de la guerre, et au final on saisit l’ampleur de cette bombe qui n’a pas tant été lancée pour terminer la guerre que pour signifier la méfiance américaine face à l’URSS de Staline dont on pressent une nouvelle guerre, froide celle-là. L’album regorge de nombreux personnages, mais on ne se perd pas trop (je pensais franchement être plus perdue avec les nombreux personnages et lieux !), et même si le domaine de la physique est bien loin d’être mon domaine favori, j’avoue que j’ai accroché à cette histoire mêlant science et histoire, politique et diplomatie. La grande histoire rencontre la petite, on retrouve des événements et personnages connus de la seconde guerre mondiale (les présidents américains Roosevelt puis Truman, Staline le soviétique, Einstein…). ainsi que d’autres parfois bien moins connus, militaires ou encore scientifiques mais aussi des lieux qui existent encore aujourd’hui (le Pentagone, la Maison blanche, le château de Cecilienhof lors de la conférence de paix de Potsdam)…). Graphiquement c’est franchement réussi, on reconnaît vraiment les visages des personnalités et les lieux sont reproduits avec beaucoup de justesse (par exemple le dôme d’Hiroshima est réellement bien dessiné au point qu’on croirait une photographie). Le récit contient aussi suffisamment d’indications pour ne pas être perdus entre les différents lieux, les différentes personnes, il y a une véritable volonté de nous informer.

Le cadrage est varié, avec parfois des cases assez petites, parfois des pleines pages. L’intrigue est bien menée, et paraît parfois tellement folle qu’on a du mal à croire qu’il s’agisse de réalité et non pas de fiction. Le dessinateur Denis Rodier a réussi un sacré tour de force dans la régularité de son trait, dans la variation des cadrages, car je n’ai eu aucune impression de redondance, graphiquement parlant. Le dessin accompagne vraiment très bien le propos, et concourt à nous offrir une lecture des plus agréables (même si le sujet est loin d’être réjouissant).

Enfin, il faut noter que la bibliographie en fin d’ouvrage est conséquente (livres, articles, bandes dessinées, sites internet et documentaires, le tout en français ou en anglais) et montre l’ampleur du travail des auteurs qui ont passé environ 5 ans pour cette réalisation exceptionnelle. La postface apporte un bel éclairage sur ce travail pharaonique, et nous apprend, entre autres, que les auteurs ont cherché dans chaque case la véracité historique, sauf pour la famille japonaise qui, elle, est fictive. Bref, une réussite que cet album qui s’adresse aux passionnés d’histoire et/ou de sciences et/ou de politique, mais pas seulement… Je comprends tout à fait qu’il fasse partie des incontournables de 2020, et vous encourage à tenter cet album, si ce n’est pas déjà fait.

A partir de 15 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : Lireka, Cases d’histoire, Une case en plus, L’étagère imaginaire

Le making-of de cet album à voir sur Youtube (compte de Glénat)

Premières planches à voir sur Izneo.

C’est mercredi, alors aujourd’hui tous chez Moka au milieu des livres, pour découvrir les albums de labd bleu !

30 réflexions au sujet de “La bombe”

    1. C’est juste énorme comme album, et effectivement foisonnant car on a toutes les ramifications de l’histoire ! Je pense que ça pourrait vraiment te plaire !

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