BD adaptation, BD historique

Au revoir là-haut

AU REVOIR LÀ-HAUT, par Pierre Lemaître (scénario) et Christian de Metter (dessin) (Rue de Sèvres, 2015) d’après le roman de Pierre Lemaître (Prix Goncourt 2013).

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Albert et Edouard ont vécu la Grande Guerre, dans les tranchées. Rescapés, blessés physiquement ou psychologiquement, les deux hommes retournent à la vie civile, mais comprennent que la société ne veut pas entendre parler du conflit qui a duré quatre longues années. Les morts sont mis en avant à travers les nombreux monuments aux morts qui s’érigent, mais les survivants dont ils font partie sont oubliés, mis de côté, exclus. Edouard, issu d’une grande famille de banquiers connue du tout-Paris, préfère être annoncé mort plutôt que de rentrer dans sa famille en tant que gueule cassée. Sa sœur quant à elle se marie avec un lieutenant à l’ambition démesurée, qui monte peu de temps après la fin du conflit une affaire de cercueils pas chers, mais cela tourne au vinaigre… De leur côté, Albert, le survivant psychologiquement fragile et Edouard, le survivant défiguré devenu muer mais très intelligent et artiste, vont quant à eux monter une arnaque gigantesque en proposant aux communes de France des monuments aux morts qu’ils ne livreront jamais…

Je connaissais de nom ce livre, car le roman a reçu le Goncourt il y a 4 ans, et quand j’ai vu cette adaptation en BD, qui plus est avec Christian de Metter au dessin, je n’ai pas hésité une seconde, et l’ai empruntée en bibliothèque. Au départ, j’ai été un peu désarçonnée par le trait de de Metter (déjà lu dans Marylin de l’autre côté du miroir, ou encore les adaptations de Shutter island ou Scarface) , que je n’ai pas reconnu au premier abord, mais l’histoire est vraiment splendide et servi par un trait complètement en adéquation. Les premières scènes sont époustouflantes, montrant toute la cruauté de la guerre, et aussi un lieutenant à l’ambition démesurée, qu’on comprend être le beau-frère d’un de nos deux héros. J’ai tout aimé de cet album : l’ambiance, le récit monté de façon à ne pas tout dévoiler (même si au départ, cela m’a demandé des allers et retours pour situer les personnages et les lier entre eux), le dessin toujours très fin et travaillé, la différence montrée entre les puissants corrompus et les petites gens honnêtes. La vie privée d’Edouard est aussi dévoilée par petits bouts, et on devine un homme qui ne faisait pas partie du milieu où il était né, où son attirance pour les hommes n’était pas du tout appréciée.

Le récit n’est pas lourd à lire, malgré le sujet qui paraît peu réjouissant. Quelques passages allègent le récit, quelques situations tendent plus au burlesque, avec les déguisements d’Edouard, et ses masques pour cacher son visage défiguré. Il y a un côté joyeux dans ces passages-là, où Edouard semble se révéler, oublier son handicap et mettre en avant son côté artistique. Les couleurs des cases sont aussi importantes dans la lecture : claires pour alléger, foncées pour alourdir le récit. C’est toujours un plaisir pour les yeux. L’album se lit sans temps mort, et la fin est surprenante, avec nos deux héros qui prennent deux chemins opposés.

Comme Philippe Torreton dans la préface, j’aurais voulu ne jamais refermer ce livre.  Je me suis laissée porter par l’histoire. J’aurais aimé prendre plus de temps pour lire ce livre, pour me plonger encore plus dans cette ambiance d’après-guerre. Ces 160 pages sont passées trop vite, mais je crois que c’est un album que je relirai sans hésiter ! Si vous ne l’avez pas encore lu, il est à ne pas rater ! Peut-être un jour trouverais-je le temps pour lire le roman…

A partir de 15 ans selon l@BD.

On en parle (beaucoup) sur les blogs : La bibliothèque de Noukette, Lyvres le blog de Yv, Samba BD, Bricabook, D’une berge à l’autreLes lectures d’AntigoneLe coin du livre

Premières planches à voir sur Izneo.

A noter enfin que l’adaptation au cinéma sortira le 25 octobre 2017, avec Albert Dupontel à la réalisation (source Allociné).

4 réflexions au sujet de “Au revoir là-haut”

  1. J’ai tellement aimé le livre et le film… à tel point que je fais mon mémoire en partie sur ce roman… J’avoue avoir un peu moins accroché à la BD par contre ! Peut-être parce que je l’ai lu après, j’avais certaines attentes qui n’ont pas été remplies j’imagine, et un imaginaire déjà trop incarné dans mon esprit pour laisser sa place à celui d’un illustrateur. En tout cas, c’est en effet une bonne façon de découvrir cette histoire exceptionnelle, et je trouve ça super de voir que ces personnages touchent un public très large !!

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