Romans jeunesse

D’un trait de fusain [roman]

D’UN TRAIT DE FUSAIN, par Cathy Ytak (Talents hauts, 2017, coll. Les héroïques)

fusain.jpg1992, Monelle, Marie-Ange, Julien et Sami sont quatre amis d’une même école d’art. Ils apprécient particulièrement les cours de dessin, lorsqu’il s’agit de dessiner des corps nus à partir du réel. D’ailleurs, leur modèle préféré, un homme d’une vingtaine d’années, blond et à l’aise, s’appelle Joos. Après les cours, ils fréquentent un café et aiment se tester au flipper… Un jour, ils apprennent que Joos et Sami sont ensemble, et la réaction de certains changent. Tandis que Julien s’éloigne peu à peu du groupe, Marie-Ange, qui grandit dans une famille aux opinions extrêmes et où tout se tait, s’émancipe de manière brutale de ses parents et se fait désormais appeler Mary. C’est alors que la jeune fille apprend que Joos est séropositif. Sami, qui va fêter ses 18 ans, est désespéré mais pas résigné. D’ailleurs, il fête son anniversaire avec des amis. Là, Mary rencontre Nicolas, qui lui propose de participer à des manifestations de l’association Act’Up…

Whah, quel roman !! C’est magnifiquement écrit, de façon sensible, sans pathos mais avec de la joie de vivre, de l’espoir et du combat. Pourtant le sujet est loin d’être simple : le Sida au début des années 1990 faisait des ravages, c’était l’hécatombe, la recherche n’en était qu’à ses débuts, les malades étaient ostracisés, en plus d’être condamnés à court terme… L’association Act Up fondée aux Etats-Unis n’avait que 5 ans, et était encore plus jeune en France. La maladie était taboue, étouffée… Bref, on pouvait craindre un roman qui mette le cafard. Mais il n’en est rien. Le récit commence avec l’amitié du groupe de 4 lycéens de 17 ans, leur vie quotidienne entre les cours et les moments ensemble. L’auteure insiste plus sur Marie-Ange à la famille si particulière, jeune fille bridée qui ne peut s’exprimer, même dans sa tenue. Puis la rencontre avec Joos va chanegr les choses : Sami et lui tombent amoureux, les filles sont d’abord mises au courant, puis Julien qui n’accepte pas la nouvelle… La séropositivité de Joos vient après, et c’est là l’entrée dans le monde des adultes : la maladie qui s’annonce, le voile qui est mis dessus pour ne pas en parler, les réflexions sur la vie, l’amour, le futur…

Le contexte est aussi retracé : en 1992, il y a le minitel (et oui, ça existait encore, c’était peut-être même son apogée), France Gall et Michel Berger, pas de téléphone portable (donc pas de possibilité de s’appeler sans passer par les parents), le film Les nuits fauves de Cyril Collard… J’ai aussi aimé cet aspect-là du récit, qui me rappelle des choses (même si j’étais jeune en ce début de décennie 1990). Pas certaine que les ados de 2018 comprennent ces éléments aujourd’hui, mais un jeune curieux ira certainement chercher l’un ou l’autre, ou questionner des plus âgés. Peut-être tout de même que cela leur fera penser au film 120 battements par minute, qui a reçu 6 Césars au début du mois de mars. En tout cas, ce récit d’amitié, d’amour, de force et d’espoir de la jeunesse, raconté avec justesse et délicatesse par Cathy Ytak, est vraiment très bien, j’ai adoré, et je pense qu’au vu de ce que j’ai écrit ci-dessus, vous aviez compris !

A partir de 13 ans selon Ricochet.

On en parle (beaucoup) sur les blogs : Au milieu des livres, La bibliothèque de Noukette, Bob et Jean-Michel, D’une berge à l’autreMes pages versicolores, Les mots de la fin, La licorne et ses bouquins, Arcanes ouvertes, Les lectures de Marinette, Méli-Mélo de livres

Lien vers le site de l’auteure.

Lien vers la page wikipédia de l’association Act Up en France, et vers le site de l’association.

8 réflexions au sujet de “D’un trait de fusain [roman]”

    1. Je le conseille aux élèves, mais ils n’accrochent pas (la couv’ est floue, et le sujet ne leur parle pas… 1992, le siècle dernier, presque le moyen-âge pour eux 😉 )… Il va falloir que je persiste, car oui, ce roman est superbe !

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