BD historique, BD hors de nos frontières, BD sentimentale

Gentlemind, épisode 1

GENTLEMIND, Episode 1, par Juan Diza Canales et Teresa Valero (scénario) et Antonio Lapone (dessin) (Dargaud, 2020)

gentlemindAmérique, 1939. A New-York, dans la ville qui ne dort jamais, vivent Navit et Arch. Dans ce couple, il est illustrateur de presse, elle est son modèle. C’est l’époque des magazines de pin-up, mais Arch ne trouve pas de travail. Armé de son dessin de Navit, il écume les rédactions new-yorkaises, mais n’essuie que des refus. Dans les bureaux du magazine Gentlemind, il réitère sa demande, mais ce qu’on lui propose, c’est de rencontrer son modèle plutôt que de l’embaucher. Navit va négocier pour que son compagnon travaille dans le magazine, mais c’est plus un placard qu’autre chose. Déçu, Arch fait semblant, mais décide un beau jour de s’engager dans la guerre qui fait rage en Europe… Les mois passent, Navit quant à elle est toujours modèle pour Gentlemind, et son patron, M. Powell, tombe amoureux d’elle et l’épouse, avant de mourir d’une crise cardiaque quelques jours/semaines plus tard. S’en suit une bataille judiciaire entre la première épouse et la veuve, et un accord à l’amiable savamment négocié par son avocat va permettre à Navit de toucher plusieurs millions de dollars et de prendre la tête du magazine qui périclite… Elle va alors décider de changer la ligne éditoriale de la revue, en questionnant les lecteurs sur leurs souhaits…

J’ai repéré cet album après l’avoir vu passer sur des blogs (Pativore peut-être ?)… J’ai été tentée par la couverture, très stylisée, plus que par le sujet. Cependant, j’ai quand même bien accroché au thème : même si Gentlemind est fictif, il y a en effet dans cette histoire pas mal de références à de vrais magazines (Time, Life, Esquire, Bazaar, the New Yorker…), à l’Amérique des années 1940, avec l’essor des super-héros qui aident à soutenir les soldats engagés et contribuent au moral de la population américaine. Il y a toute une ambiance dans ces planches, à vrai dire, il ne manquait plus que la bande-son.

J’ai aussi beaucoup aimé le thème, qui n’est pas commun : on est dans le milieu de la presse dans les années 1940 aux Etats-Unis, le bureau est dirigé par une femme qui, sous ses airs de pin-up, sait très bien ce qu’elle veut dans ce monde très masculin. Les personnages secondaires sont aussi intéressants : l’avocat qui est au départ sans scrupules puis va réaliser les conséquences de ses actes quand il défend une grande compagnie sur un pauvre ouvrier par exemple et qui préfère ne plus travailler plutôt que d’aller à l’encontre de ses valeurs. J’ai apprécié aussi dans la 2e partie du livre les unes des magazines qui ponctuent les cases, et permettent de faire avancer le récit sans l’écrire franchement, en utilisant des cartouches par exemple. Ces unes donnent également des infos sur l’actualité (la victoire de 1945, la recherche du fameux « John Doe » l’auteur anonyme des nouvelles), c’est une très bonne façon de faire passer des infos mine de rien…

De plus, certaines cases et planches sont très drôles, par exemple lorsque les femmes exposent ce qui plaît à leurs maris et proposent des rubriques pour la nouvelle version du magazine. Certaines bulles sont criantes de vérité : « ils veulent toujours avoir raison ! », « organiser mais pas planifier », « ils adorent rire, ils rient même des pires blagues »… Il y a même certaines blagues un peu grivoises, cela donne un ton léger à l’histoire.

Graphiquement, c’est vraiment original : le dessin est particulier (pas mal de nez en triangles, ronds ou carrés qui ne font pas réalistes mais qui donnent des « gueules » aux personnages, alors c’est impossible de les confondre !), les images de pin-up font vraiment très ressemblantes, avec des formes très droites, des corps à la fois voluptueux et généreux, mais aussi à la taille très fine et aux seins qui pointent… Les cadrages sont variés, et les couleurs dans les tons pastels, avec aussi un certain nombre de cases en monochrome, donnent une ambiance originale à cet album sur l’Amérique fantasmée pendant la guerre…

Bon par contre, il s’agit d’un tome 1, donc l’histoire est plus concentrée sur Navit. Arch est mentionné au début avec son couple et sa recherche de travail, puis il ne réapparaît que vers la fin de l’histoire. Espérons que la suite (et fin) raccrochera les deux personnages.

J’ai bien aimé me plonger dans cette ambiance milieu du XXe siècle à New-York, tous les personnages sont intéressants et paportent leur contribution. On suit l’histoire sur plusieurs années (jusqu’à la une sur la victoire de 1945), et la relance du magazine sur plusieurs numéros avec la parution de nouvelles, dont l’auteur reste méconnu… Jusqu’à la fin, on se demande qui cela peut-il bien être, mais on n’a vraiment aucune piste pour résoudre ce mystère… Seule déception, c’est juste que la fin n’en est pas vraiment une, et qu’on voudrait simplement savoir comment cela se termine, alors il faudra attendre le tome 2… Mis à part cela, c’est une bien jolie découverte !

Non mentionné sur l@BD, je dirais à partir de 13 ans.

Premières planches à voir sur Izneo.

On en parle sur les blogs : PatiVore, Le suricate, La lectrice lunatique, Les petites addictions de Cranberries

Cet album participe à labd bleu, et les liens des participants sont à retrouver aujourd’hui chez Noukette, dans sa bibliothèque !

24 réflexions au sujet de “Gentlemind, épisode 1”

  1. C’est peut-être chez moi que tu l’as repérée (note de lecture en septembre 2020) mais pas sûre parce que tu n’as ni liké ni commenté donc tu l’as peut-être finalement repérée chez quelqu’un d’autre 😉 En tout cas, je suis ravie que tu l’aies lue et appréciée, j’attends la suite 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. Je me suis peut-être trompée alors… Parce que septembre c’est loin quand même. Bizarre, je pensais être passée sur les blogs en septembre, mais avec la rentrée, j’ai peut-être zappé. Vraiment désolée !

      J’aime

Laisser un commentaire