BD fait de société, BD fantastique

Luisa ici et là

LUISA ICI ET LÀ, par Carole Maurel (La Boîte à bulles, 2016)

luisa

Luisa, adolescente, prend le bus et met ses écouteurs. Elle arrive au terminus et se voit obligée de sortir. Mais elle ne reconnaît pas l’endroit… Elle est totalement perdue, et réalise qu’elle est à Paris, mais pas dans son époque… Après avoir en vain tenté d’utiliser sa télécarte, elle se rend dans un café où elle achète une nouvelle carte qu’elle veut payer en francs… Elle y rencontre Sasha, qui va l’aider et l’héberger provisoirement. Elle va même l’aider à retrouver sa tante parisienne, la seule personne que Luisa prétend connaître sur place. Il s’avère que la tante habiterait juste à côté de chez elle, mais à sa place, c’est une autre Luisa qui l’accueille. Il s’avère que Luisa l’adolescente va rencontrer la Luisa adulte, et que ce qu’elle est devenue ne va pas spécialement lui plaire…

J’ai acheté cet album en occasion lors des dernières vacances de printemps, après avoir lu un très bon avis sur Instagram (une source inépuisable de tentations en tous genre, tout comme « la BD de la semaine » 😉 ) sur le premier album de cette autrice, déjà lue sur ce blog avec les très bons Ecumes, Collaboration horizontale et L’apocalypse selon Magda. Je ne regrette pas du tout la découverte, l’histoire est longue (270 pages) et prend bien le temps de se développer. L’aspect fantastique de l’histoire passe totalement dans le récit, et j’ai vraiment aimé cet aspect original : que dirions-nous à l’adolescent/e que nous avons été si on avait l’occasion de le revoir ? Assumerions-nous nos choix actuels, même les moins avouables ? Serions-nous à l’opposé de nos souhaits d’ado ? Carole Maurel choisit surtout d’aborder l’homosexualité, totalement taboue pour l’adolescente des années 1990, et au départ je ne m’attendais pas à ce sujet. Pour autant, il est bien abordé, tout en délicatesse, et on saisit le fossé qui éloigne les deux Luisa, le caractère ayant bien changé en 15 ans, la pression de la société ayant fait évoluer la jeune femme et l’ayant fait renoncer à certains de ses rêves…

Peut-être ai-je été d’autant plus touchée par cette histoire que j’ai repéré bon nombre de références des années 1990. Les deux faces de Luisa me correspondent bien : j’avais 15 ans à la fin de cette décennie-là, donc à l’époque du franc, des magazines StarClub et des télécartes… et maintenant j’ai l’âge de la Luisa adulte. Je me suis surprise lors de ma lecture à observer chaque détail des cases de la jeune Luisa pour y retrouver des souvenirs, c’était assez fou.

J’ai aimé le chapitrage qui, sans titre, permet de donner le ton, avec un sablier qui mêle les deux parties de Luisa au fur et à mesure du récit. Au fil du récit, on observe un mélange des deux, et on saisit que ça ne va pas bien finir… Le mélange des deux Luisa à la fin m’a un peu décontenancée, mais je ne voyais pas comment l’autrice pouvait finir l’histoire autrement. Il n’empêche que je suis sortie conquise de cette lecture, car le dessin est réellement très beau et régulier et les couleurs sont lumineuses juste comme il faut. Bref, ce fut un vrai plaisir de voyager dans le temps avec Luisa, car sous des aspects légers, il y a aussi de vraies questions dans cet album !

A partir de 15 ans selon l@BD.

On en parle sur les blogs : La ronde des post-it, Aziquilit, Mes échappées livresques, Chez Lo, Lectures de Marguerite

Premières planches à voir sur Izneo, mais aussi et surtout sur le blog ouvert par l’autrice.

Cet album participe à labd bleu, et ce mercredi, c’est Noukette qui nous accueille dans sa bibliothèque !

24 réflexions au sujet de “Luisa ici et là”

  1. Tiens, je ne m’attendais pas du tout à une telle histoire en voyant la couverture ! Je vais aller feuilleter un peu le bouquin pour voir si le graphisme me plait et, si oui, cette lecture pourrait vraiment me tenter !

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