LE CAPTIVÉ, par Christophe Dabitch (scénario) et Christian Durieux (dessin) (Futuropolis, 2014)
1880, Albert Dadas est un cas à part à l’hôpital Saint-André de Bordeaux. Il est atteint depuis son adolescence d’une drôle de maladie encore indéfinie, qui le fait fuguer de façon intempestive sans qu’il ne puisse se contrôler, comme pris en otage par son idée de voyager. Pris d’une envie furieuse de marcher, il se rend parfois très loin, jusqu’à Moscou, Constantinople ou Alger, mais amnésique, il ne sait jamais où il atterrit, à un tel point qu’il est parfois emprisonné, maltraité, hospitalisé ou alors au contraire aidé par des compatriotes français pour rentrer chez lui. Son cas particulier va devenir l’objet d’étude de Philippe Tissié, interne en médecine qui va tenter l’hypnose pour libérer Albert de son absence de volonté qui le rend captif de toute nouvelle idée qu’il a en tête et l’empêche de mener une vie sociale normale…
J’ai été très agréablement surprise par cet album, dont j’aime beaucoup la couverture. Tout d’abord les dessins sont magnifiques, très précis et délicats, j’aime vraiment beaucoup ce style-là. Les jeux de gris sont aussi très jolis, donnant de la profondeur au dessin. C’est un vrai régal que de lire les 110 pages de cet album. L’histoire racontée par Christophe Dabitch est réelle, et il est intéressant de suivre le parcours de cet homme atypique à travers les témoignages de ceux qui l’ont côtoyé : son médecin Philippe Tissié, mais aussi d’autres médecins de Bordeaux ou d’ailleurs, comme le docteur Pitres qui dirigeait le docteur Tissié, un médecin de Limoges ou encore le consul de France à Alger… Ainsi, cela permet de reconstituer le puzzle de la vie de cet homme hors du commun et très sportif, capable de marcher des kilomètres sans s’arrêter. Le récit est construit en variant les points de vue, ce qui ne ralentit pas le rythme. Bien sûr, la relation entre le docteur Tissié et Albert occupe la majeure partie de l’histoire, mais je n’ai pas trouvé le récit longuet, car les lieux et les situations sont variés. L’album est déjà intéressant en soi, et en bonus il se complète par un intéressant dossier documentaire bien fourni, documents d’époque à l’appui, qui permet d’en savoir plus sur le parcours d’Albert Dadas et la fin de sa vie. Pour une fois qu’un tel dossier ne fait pas de redondance avec le propos dessiné, ça fait du bien ! Un thème original et un dessin magnifique, voilà un album à ne pas rater !
A partir de 15 ans selon l@BD.
On en parle sur les blogs : Chez Canel, SambaBD, Une autre histoire, Depuis le cadre de ma fenêtre, Blog BD Sud-Ouest, Cynthia et ses contes défaits…
Premières planches à voir sur Digibidi.
C’est ma deuxième participation à (cette semaine chez Yaneck).